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Chacune des consonnes, combinée avec une des cinq voyelles, forme un mot : sa « terre », « feu », mi « homme », lo « année », tch’ou « eau ». Pour augmenter le nombre restreint des mots et, par conséquent, modifier le sens de ces radicaux, on fait précéder ou suivre la syllabe primitive d’une ou de plusieurs consonnes, non accompagnées de voyelles, qui sont probablement des débris d’anciens mots ou particules et ne se prononcent généralement pas[1] : nga « moi », lnga « cinq » ; tch’ou « eau », mtch’ou « lèvres ». Ces préfixes ou affixes servent aussi dans la conjugaison des verbes à marquer les temps et les modes, concurremment avec certaines modifications du radical. Souvent aussi, pour composer un nouveau mot, on réunit deux ou plusieurs monosyllabes : mi « homme », mi-mo « femme » ; skou « corps », skou rgyab « dos ».

Le genre des mots est indiqué par l’adjonction d’une particule : po, bo, vo désignent le masculin, mo le féminin. Leur déclinaison comporte huit cas : le nominatif ne prend pas de particule ; l’instrumental prend, suivant la terminaison du radical, les particules his, yis, s, kyis, gis, gyis ; le génitif se forme avec hi, yi, kyi, gi et gyi ; le datif avec la, tou, dou, rou et sou ; l’accusatif et le vocatif restent semblables au nominatif ; le locatif prend la particule na, et l’ablatif nas ou las. Le pluriel est indiqué par les particules rnams, dag, tchag suivies de la particule représentative du cas. Ces règles s’appliquent aussi aux adjectifs, qui sont souvent d’autant plus difficiles à distinguer des noms, que beaucoup de substantifs s’emploient adjectivement.

Par sa syntaxe, le tibétain est peu clair. Il affecte pour la composition de ses phrases la forme indirecte ou inverse : l’adjectif précède le substantif ; le complément est placé

  1. Pour indiquer ces consonnes muettes nous employons des lettres italiques dans les mots en caractères latins et vice versa.