milieu du siècle dernier. La première étude entreprise sur cet idiome est celle du P. Georgi, qui, utilisant les documents envoyés à la Propagande par le P. Oracio della Penna pendant son séjour à Lhasa, s’efforça de démontrer la filiation sémitique du tibétain[1]. Les travaux plus récents et plus sérieux publiés sur cette question ont ou tôt fait de réduire à sa juste valeur cette hypothèse empirique, sans plus de portée d’ailleurs que toutes celles que l’on échafauda à cette époque pour rattacher à l’hébreu, par respect de la tradition biblique, toutes les langues du monde ; mais ce fut pour tomber dans une autre erreur, celle du rattachement du tibétain au groupe indo-européen, et principalement au sanscrit et aux dialectes modernes de l’Inde. Actuellement, on est parvenu à établir : 1o que le sanscrit, malgré son indiscutable importance comme véhicule de la doctrine bouddhique, n’a exercé aucune influence appréciable sur le tibétain, les mots, peu nombreux du reste, qu’il lui a donnés, n’étant entrés que dans la langue religieuse et sous forme de simples transcriptions ou plus souvent de traductions ; 2o que la langue tibétaine appartient à la famille mongole et qu’elle a de grandes affinités avec le chinois, le siamois, l’annamite et surtout le birman, sans qu’on puisse du reste spécifier avec lequel de ces idiomes elle était plus particulièrement apparentée à son origine[2] ; ce qui tient, sans doute, aux nombreuses déformations qu’elle a subies avant d’être fixée par l’écriture.
D’après les traditions tibétaines, ce ne fut, en effet, qu’après la venue au Tibet des missionnaires bouddhistes, vers l’an 630 de l’ère vulgaire, que l’on songea à créer un alphabet adapté au génie de la langue Bhot, afin de pou-