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et l’écriture, il comporte l’étude des textes sacrés accompagnée parfois, ainsi que nous le verrons plus tard, de quelques notions rudimentaires de médecine empirique. Les enfants destinés au sacerdoce sont envoyés, entre cinq et dix ans, au couvent, où un lama, choisi parmi les plus instruits, est chargé de leur inculquer les éléments de la science et quelques principes de morale. Dans les grands monastères habités par de nombreux lamas, chaque enfant est confié individuellement à un moine, auprès duquel, tout en faisant ses études, il remplit les fonctions de domestique. Ces jeunes écoliers, espoirs de l’Église, portent les différents noms de Chabis[1], Touppas[2] ou Tchra-tchen[3], suivant les localités. Généralement, le maître s’occupe peu de son élève ; son professorat se borne, chaque matin, après que le disciple s’est acquitté de ses devoirs domestiques, à lui lire trois ou quatre fois le passage des Écritures qui doit faire le sujet de la leçon du jour et que l’enfant devra réciter sans erreur le soir, avec les intonations prescrites qui font un véritable chant de la lecture des livres bouddhiques. Si l’élève, négligent ou borné, se tire mal de sa tâche quotidienne, une sévère punition corporelle lui est généreusement octroyée, manière expéditive et, paraît-il, efficace, de faire entrer les versets sacrés dans les têtes les plus dures. Après quelques années de ces exercices, mais pas avant l’âge de quinze ans[4], l’apprenti moine peut être admis dans la communauté en qualité de Génien (dgé-bsnien) ou novice[5].

  1. D’après le père Huc.
  2. D’après Samuel Turner. Il est probable que c’est Thub-pa qu’il faut lire, nom qui correspond au sanscrit muni, mais qui paraît peu approprié à la condition de séminariste.
  3. D’après l’abbé Desgodins.
  4. Au Boutan cette limite est abaissée à dix ans. — D. Scott, Account of Bhûtân ; Asiat. Researches, t. XV , p. 143.
  5. Nous donnerons plus tard, dans le chapitre consacré au clergé, des détails plus complets sur l’instruction des prêtres et les examens exigés pour parvenir aux grades supérieurs.