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« L’imprimerie est probablement ce qui tend le plus à répandre autant les livres ; mais l’usage génénal de l’imprimerie n’est pas moins surprenant que l’effet qu’on lui suppose. Je ne puis réellement expliquer l’un et l’autre de ces faits qu’en présumant que les troupes de prêtres, séculiers et réguliers, dont le pays fourmille, ont été incités par l’ennui à faire cet usage louable de leur temps.

« Les prêtres tibétains ont vraisemblablement reçu de la Chine l’invention de l’imprimerie ; mais l’emploi universel qu’ils en font est un mérite qui leur appartient en propre ; le plus pauvre hère arrivant du nord dans cette vallée (le Népaul) est rarement dépourvu de son pothi (livre), et de chaque partie de son vêtement pendent des charmes (djantra)[1], renfermés dans des étuis légers et dont l’intérieur offre des caractères imprimés avec une extrême délicatesse.

« Je dois aussi ajouter que tous les habitants du Bhot savent écrire, ce qui est un autre trait de leur caractère moral non moins frappant que l’usage général de l’impression et des livres, et que je ne me hasarderais pas à noter si je n’avais eu de fréquentes occasions de me convaincre de sa réalité parmi les gens qui, tous les ans, viennent séjourner au Népaul. »

Csoma de Körös, qui a longtemps reçu l’hospitalité dans les couvents du Ladak, à proximité de la province de Ngari-Khorsoum, rend justice au savoir de certains lamas en ce qui concerne les choses de la religion ; mais se préoccupe plus du niveau des connaissances religieuses dans les différentes classes de la société tibétaine que de l’instruction proprement dite. Schlagintweit affirme que « tous les lamas savent lire et écrire »[2] et ne dit rien de l’instruction populaire ; de diverses réflexions on peut déduire qu’il la con-

  1. Probablement l’équivalent du sanscrit tantra.
  2. Émile de Schlagintweit, Le Bouddhisme au Tibet ; Annales du Musée Guimet, t. III, p. 105.