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CHAPITRE III

Éducation.

1. Instruction générale. — Voici encore un point où nous nous heurtons aux dires les plus contradictoires, et, en réalité, cela n’a rien d’étonnant, car les voyageurs qui nous ont transmis leurs observations et leurs appréciations, ne pouvant évidemment faire subir un examen à tous les habitants du Tibet, ont dû, faute dune statistique dont on n’a pas encore senti le besoin dans ces pays, se contenter de renseignements optimistes ou pessimistes impossibles à contrôler, ou bien des constatations hâtives faites par eux-mêmes, souvent au hasard, dans le champ restreint des localités qu’ils ont explorées.

Parmi les auteurs qui ont traité de la question tibétaine, deux seulement, Samuel Turner et B. H. Hodgson, émettent une opinion favorable sur le niveau et la diffusion générale de l’instruction au Tibet. Turner, — on a pu déjà le remarquer, — est enclin à une grande bienveillance (on pourrait même dire à une crédulité pour le moins naïve), tenant sans doute en grande partie aux conditions tout à fait spéciales dans lesquelles il a exécuté son voyage. Ambassadeur de la toute puissante compagnie des Indes anglaises auprès du Téchou-Lama, ou Pantchen Rinpotché de Tachiloumpo, pendant son séjour, d’ailleurs fort court, en terre tibétaine il n’a eu affaire — en raison de la haute dignité dont il