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mêlées d’anneaux et de grelots dont le clair tintement annonce au loin leur approche.

L’amour des bijoux est le péché mignon de toutes les femmes et les Tibétaines sont possédées de cette passion plus que toutes les autres peut-être. Non contentes d’en surcharger leur tête, elles en mettent partout. Elles ont des colliers de verroterie, de corail ou de perles, et de plus, suspendu à leur cou, une petite boîte ou reliquaire, ordinairement d’argent, renfermant ou une image de leur divinité tutélaire, ou quelque charme tout puissant contre les maladies et les accidents. Sur leur poitrine une boucle d’argent, digra, garnie de turquoises et de perles et d’où pendent deux petites chaînes, sert à fixer leur châle. À leurs oreilles sont attachés des anneaux longs d’or ou d’argent, généralement garnis de turquoises. Sur leurs épaules s’étalent de longs rangs de perles et de corail, nommés djoumdza, et, dans la province de Khams, elles ornent même leur dos de grandes bretelles de cuir brodées de perles ou de pierreries. Leurs doigts sont chargés de bagues de corail monté en argent, appelées thsougou. Elles portent au moins deux bracelets : au poignet droit, un bracelet de coquillages de 5 à 6 centimètres de largeur, appelé thoumgou, et au poignet gauche, un autre bracelet en argent, nommé dzédoung. Ces bracelets, qui se mettent dès l’enfance et ne se quittent jamais à moins qu’ils ne se rompent d’eux-mêmes par suite d’un long usage, doivent empêcher, dit-on, leur propriétaire de s’égarer après sa mort. Les autres sont généralement massifs, la plupart du temps joliment ciselés, car il y a de véritables artistes parmi les orfèvres tibétains. La forme la plus recherchée est celle d’un serpent dont la tête est faite d’une turquoise, d’un rubis ou d’un lapis-lazuli. N’oublions pas enfin — car ici la religion se mêle à tout, même à la coquetterie — deux chapelets dont les grains sont faits d’ambre, de jade, de corail ou de lapis-lazuli, qui, à volonté, se portent à la main,