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Le costume féminin offre beaucoup plus de variété et diffère même presque totalement d’une province à l’autre.

Dans le Tibet oriental le vêtement des femmes se compose d’une longue pièce d’étoffe de laine plissée qui s’attache par devant en croisant quelque peu et fait une sorte de jupe, et d’un gilet sans manches par dessus lequel elles portent une casaque à manches[1]. Dans le Tibet central et occidental, leur robe est semblable au djouba des hommes, mais un peu plus longue, et recouverte d’une tunique courte sans manches, ordinairement multicolore[2]. Dans l’est de la province de Khams, les femmes portent une robe courte sans manches, sur laquelle se met une tunique à manches. Dans le centre de cette même province, leur costume comporte : un djouba en laine blanche, une jupe (doung-po) de drap noir ou rouge brodée de svastikas, un tablier (bandaï) de laine rouge ou de soie garni d’une bordure de fleurs brodées, une tunique ajustée, à manches courtes (vondziou), de soie, de coton ou de drap ; un petit châle de laine, appelé dzan. Enfin, dans le Ngari, sur une tunique longue, elles portent un djouba à grand collet et à larges manches.

La coiffure est, sans contredit, en tous lieux, la partie la plus importante de la toilette d’une femme, celle à laquelle elle apporte le plus de soins. Au Tibet, les femmes mariées partagent en deux leurs cheveux sur le sommet de la tête, en font une multitude de petites tresses à peine grosses comme une forte ficelle et les réunissent ensuite en deux longues nattes qu’elles laissent prendre sur leur dos. Par là-dessus, les femmes du peuple posent un petit bonnet de laine rouge ou jaune, pointu d’en haut et ayant quelque ressemblance avec le bonnet phrygien, appelé young-lé-dja. Les femmes riches ornent leur chevelure de rangs de perles et de corail retenus au sommet de la tête par un cro-

  1. C.-H. Desgodins, Mission du Thibet, p. 226.
  2. Huc, Voyage dans la Tartarie et le Thibet, t. II, p. 257.