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côté droit où elle se ferme par quatre agrafes. Cette robe, que les voyageurs chinois et européens nomment djouba et tchoupa, mais dont le véritable nom tibétain est gos[1], se fait, pour l’été, en une grosse étoffe de laine appelée p’rouh (p’rug)[2] ou trouk[3]. Le p’rouh est une sorte de drap non foulé, velu, très épais, presque imperméable et pourtant très souple, — en raison de la qualité soyeuse de la laine du Tibet, — qu’on teint généralement en brun, rouge, violet ou bleu, et les robes faites avec ce drap sont à la fois chaudes et inusables. Le djouba d’hiver se confectionne en peau de mouton, la laine en dedans, que les gens un peu aisés recouvrent d’un drap léger, rouge ou violet, ordinairement importé de Russie. Cette robe se serre à la taille au moyen d’une ceinture de cuir — quelquefois remplacée par une écharpe de laine, de soie, ou simplement de coton — qui supporte un couteau, un briquet, deux petites bourses, une pochette en cuir renfermant l’inséparable écuelle de bois, quand on ne la met pas tout simplement sur sa poitrine, une écritoire en cuivre, et dans laquelle est passé un grand sabre à lame droite, appelé ralgri. Les jambes et les pieds sont protégés par une culotte large, que l’on appelle bhov (bhob), en drap de même genre que celui du djouba, serrée autour du corps par une coulisse ou un cordon, et par des bottes, lham, de cuir ou de drap rouge ou violet, à épaisses semelles de cuir ou de feutre, ou bien par des souliers appelés khang.

Les Tibétains portent les cheveux longs et flottant sur

  1. Il est difficile de mettre une telle différence de noms sur le compte de la prononciation, quelque fantaisiste que soit celle des Tibétains.
  2. Selon Klaproth (Description du Tubet, Nouveau journal asiatique, t. IV, p. 244) le p’rouh serait un drap de qualité supérieure, et il appelle camelot le drap commun employé par le peuple, sans donner son équivalent tibétain. Turner également (Ambassade au Thibet, t. II, p. 338) laisse à entendre que ce drap est cher et hors de la portée des petites bourses.
  3. W. W. Rockhil : Notes on the Ethnography of Tibet ; Report of the National Museum, p. 685 ; Washington, 1895.