sont l’occasion de festins simples ou fastueux selon le rang et la fortune de l’amphitryon, mais toujours fort copieux et largement arrosés, qui se prolongent quelquefois pendant plusieurs jours. La description suivante d’un repas auquel Klaproth assista à Pékin, en 1818, peut donner une idée de ce qu’est un festin tibétain.
« Dans une chambre carrée étaient placées des tables longues et peu élevées ; sur chacune était un sac de peau contenant une quinzaine de livres de tsam-pa. Des matelas et des tapis de feutre furent étendus devant les tables. Les convives se placèrent suivant leur âge et s’assirent les jambes croisées. Quand il en arrivait un, on commençait par lui offrir un plat de tsam-pa dans lequel des morceaux de beurre étaient plongés. Le convive prenait alors une bouchée de tsam-pa, la jetait et en goûtait une autre. Quand tout le monde fut assemblé, du vin[1] fut offert aux convives et ensuite du thé. Avant de manger, ils ôtèrent leur chapeau et récitèrent une courte prière ; s’étant recouverts, ils commencèrent à boire du thé en mangeant du tsam-pa. Après le thé, on se mit à boire du vin. Ensuite, on apporta à chaque convive une jatte de gruau et de riz assaisonné de beurre et de sucre. On récita de rechef une prière et on recommença à manger le gruau[2] avec les doigts ; puis on revint au vin. Après ce service tout le monde alla se promener dans la cour ; de retour au bout d’un quart d’heure, on s’assit comme auparavant et de la viande crue, hachée et assaisonnée de sel, de poivre et d’ail, fut alors servie. On en offrit une jatte à chaque convive. En même temps on plaça sur chaque table plusieurs plats avec de grands morceaux de viande de bœuf crue et gelée. Les convives, ayant récité encore une prière, tirèrent les couteaux qu’ils portaient sur