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le thé ressemble à une sorte de gruau et se sert avec de la viande et des pâtisseries. Le tcha, aliment substantiel plutôt que boisson, est interdit aux lamas pendant les cérémonies religieuses et les jours de jeûne[1], tandis que le tchatchoch leur est permis en tout temps et en toutes circonstances, à condition d’être bu sans lait, ni beurre.

Les tasses qui servent à prendre le thé, sont généralement en bois laqué ou simplement verni, et l’usage veut que chacun porte toujours sa tasse sur soi, enveloppée dans un morceau d’étoffe de soie ou renfermée dans un étui de cuir. Leur prix varie suivant la qualité du bois et la perfection du travail. Une belle tasse vaut facilement plusieurs onces d’argent. Chez les gens riches et dans l’aristocratie, où l’on a adopté les usages chinois, le thé se sert dans des tasses de porcelaine de Chine. Celles qui servent aux Grands Lamas sont d’une sorte toute particulière. Ce sont des bols évasés en porcelaine blanche très fine, du genre appelé « coquille d’œuf », décorés d’un dragon impérial[2] dessiné dans la pâte de façon à n’être visible que par transparence[3].

Concurremment avec le thé, les Tibétains, qui sont grands buveurs et n’ont pas pour les liqueurs fermentées les mêmes scrupules que les Indous, emploient une autre boisson qu’ils appellent tchong. C’est une sorte de bière légèrement acide et peu enivrante que l’on prépare avec du riz, du froment, ou de l’orge et qu’on boit toujours chaude. Pour faire le tchong, le grain (le plus souvent de l’orge) est mis dans un vase avec une quantité d’eau suffisante pour le couvrir et on lui fait subir une légère ébullition, après quoi

  1. Émile de Schlagintweit, Le Bouddhisme au Tibet, Annales du Musée Guimet, t. III, p. 107. — Voir aussi S. Turner, Ambassade au Tibet et au Boutan, t. I, p. 113.
  2. Le dragon impérial se reconnait à ce qu’il a cinq griffes à chaque patte.
  3. S. Turner, Ambassade au Tibet et au Boutan, t. I, p.