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Tant que ses forces le lui permirent, il alla exploiter les richesses de nos bibliothèques, et il suivit avec autant d’assiduité que d’intérêt certains cours publics, notamment ceux de paléontologie et de physiologie.

Il lisait ardemment ou se faisait lire les publications les plus importantes relatives à notre histoire contemporaine, annotant certains passages pour les rectifier ou les modifier ; car depuis la première république il s’était successivement trouvé en relations avec plusieurs personnages importants, et sa puissante mémoire lui rappelait une foule d’anecdotes intéressantes qu’il racontait avec autant d’esprit que d’à-propos.

Ce n’est pas tout : tantôt il écrivait les souvenirs de sa jeunesse, tantôt il s’occupait de métaphysique et de philosophie ; tantôt enfin il rédigeait ses idées sur la musique et les musiciens de son temps, se consolant ainsi, lui qui avait toujours cultivé la musique avec passion, d’être forcé par les infirmités de l’âge de renoncer à cette jouissance.

M. Minard écrivait sans prétention, ne songeant qu’à réunir la concision et la clarté, et se souciant peu de quelques négligences de style pourvu que sa pensée fût nettement exprimée.

Comme professeur, il avait les mêmes qualités et savait s’emparer de l’attention de ses auditeurs. Les élèves qu’il a formés pendant ses dix années de professorat se rappellent certainement ses leçons excellentes et substantielles et ses efforts incessants pour maintenir ses cours au niveau de la science.

M. Minard, d’un sens très-droit, d’une ténacité insurmontable pour toute opinion qui lui paraissait juste, n’a jamais transigé avec ses convictions, ne cherchant dans les discussions importantes, notamment pour les tracés de nos grandes lignes de fer, que ce qu’il croyait être l’intérêt général, sans se préoccuper de froisser quelques intérêts particuliers.