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Seulement il fut maintenu comme membre de la commission des Annales des ponts et chaussées, commission dont il faisait partie depuis la fondation de ce recueil en 1831.

Ceux qui le connaissaient et savaient l’apprécier, regrettèrent certainement son départ au moment où, dans toute la maturité de son expérience et de son jugement, il pouvait encore apporter à la discussion des affaires importantes un concours si actif et si éclairé. Ses collègues se rappelaient que trois jours avant sa retraite, il combattait, avec une lucidité parfaite et une grande autorité, le prolongement immédiat des digues de la basse Seine en aval de Quillebeuf.

La règle de la limite d’âge, aveugle et impitoyable comme la mort, venait de retrancher brusquement du corps des ponts et chaussées un de ses membres les plus éminents.

Cependant pour M. Minard la retraite, bien loin de ressembler à la mort, fut comme une seconde existence, et cette dernière période de sa vie n’a pas été la moins remplie.

Heureux de sa liberté, il allait pouvoir désormais se livrer exclusivement à certaines études projetées ou commencées depuis longtemps, et toujours interrompues ou contrariées par les devoirs de son service.

Une fois cependant, cédant à des amis qu’il avait à l’Académie des sciences, il abandonna sa vie si tranquille et si bien occupée pour aller solliciter de nouveau le titre d’académicien libre ; car déjà en 1850 il avait échoué, et quoique porté le premier sur la liste de présentation, il n’avait eu que douze voix.

En 1852, il se présenta encore et subit un nouvel échec. Il renonça alors à toute autre tentative, regrettant les fatigues de ses démarches, mais satisfait d’avoir vu de près les savants de notre époque ; et dorénavant il ne quitta plus sa vie indépendante et les études de son choix.