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inévitable stérilité. À la différence de l’ancienne variété, celle-ci, — produit d’une fécondation hybride, — porte des fleurs, non plus unisexuelles, mais hermaphrodites. Chaque plante, se suffisant à elle-même, est devenue fertile, productive ; de là ses noms le plus généralement usités fertilised or prolific).

Au mérite que nous venons de signaler, elle allie d’autres qualités précieuses ; et d’abord, elle peut, sans dégénérescence bien sensible, rester nombre d’années dans le même terrain ; de plus, elle remonte franchement. Après avoir donné ses plus beaux et meilleurs fruits à la fin de juin ou au commencement de juillet, elle se met bientôt à refleurir, et fournit à la fin de septembre et en octobre une seconde récolte qui n’est pas à dédaigner, surtout si notre ciel brumeux nous gratifie d’un été de la Saint-Denis, comme disent nos voisins du Midi.

Qu’on le sache bien du reste, ce fruit n’est vraiment délectable que lorsqu’il est venu dans toutes les conditions propices de sol, d’exposition chaude, aérée, de parfaite maturité ; sinon, il nous semble assez peu recommandable.

La plante est forte ; son feuillage est assez touffu et élevé. Ses folioles, vert-clair, sont assez grandes et duveteuses, un peu oblongues, fortement dentées. Les pétioles sont longs, cotonneux. Les hampes, divisées en plusieurs pédoncules, sont velues, assez fortes et assez élevées pour soutenir les fleurs au-dessus du feuillage, — avantage précieux pour la propreté et la conservation du fruit. — Les fleurs sont moyennes, parfois légèrement rosées vers le bord des pétales ; les divisions calicinales sont petites, redressées vers le pédicelle ; les graines superficiellement implantées. La couleur du fruit varie beaucoup selon le degré de maturité et d’insolation. On conçoit sans peine que les fruits d’automne revêtent rarement leurs vives nuances. Le coloris est pourpre brun-foncé du côté frappé directement par les rayons solaires, et arrive par dégradation du côté de l’ombre au rougeâtre terne, enfin au blanc-gris jaunâtre. La chair, assez dense et pourtant moelleuse et saturée d’une eau délicieusement parfumée, est d’un blanc nuancé de vert. Son arôme vineux et sa molle consistance sont des caractères qui la distinguent de toutes ses congénères.

C.-Aug. Hennau.