Page:Annales de pomologie belge et étrangère - 2.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

minations d’autant plus nombreuses, qu’un autre fruit de la même origine, le Délice, avait reçu, en France, le nom de Beurré d’Hardenpont, et venait augmenter la confusion dans les nomenclatures.

C’est un exemple remarquable des inconvénients causés par l’abus des synonymies ; il prouve l’utilité des ouvrages destinés à recueillir le signalement et, en quelque sorte, l’acte de naissance des bons fruits.

Le Beurré d’Hardenpont se comporte également bien sur franc et sur coignassier ; toutefois, il ne produit abondamment de beaux fruits qu’en espalier au levant ou au midi. On le voit réussir néanmoins en haut-vent et en pyramide dans les sols chauds et légers, et dans les localités favorisées par de bons abris ; mais c’est l’exception[1]. Dans les terrains froids, argileux et les situations non abritées, les fleurs coulent, et le peu de fruits qui nouent se fendillent, tombent ou restent petits. Il prend une belle forme en pyramide.

Le Beurré d’Hardenpont a déjà été décrit dans l’Album de Pomologie de M. Bivort ; mais ce fruit étant, par son importance, du nombre de ceux que nous devons nécessairement reproduire dans ces Annales, nous empruntons à notre collègue les principaux détails de sa description.

Ce fruit est gros ou très-gros en espalier, allongé, obtus aux deux bouts, renflé vers son centre, côtelé, bosselé et rétréci vers l’ombilic.

La peau est lisse, vert-clair, jaunissant fortement à la maturité, maculé et pointillé de brun-jaunâtre. L’ombilic est petit, enfoncé, irrégulier, noir.

La chair est blanche, très-fine, beurrée, fondante, sucrée et assez parfumée.

Les branches principales sont de grosseur moyenne, éparses et forment, avec le tronc, un angle très-ouvert ; elles sont plus souvent rugueuses que lisses ; les branches à fruits, très-rapprochées, sont courtes, assez grosses, gris-argenté, tachetées de fauve.

Les yeux à fruits sont gros, ovales, pointus, brun-marron lavé de gris.

Les jeunes rameaux sont de grosseur moyenne, assez longs, anguleux et coudés aux articulations.

L’épiderme est vert-bronzé, lavé de brun-clair, principalement vers l’extrémité du rameau et du côté exposé aux rayons solaires ; il est entièrement et finement parsemé de tiquetures jaunâtres. Les yeux à bois sont petits, ovales, pointus, écartés du bois, brun-noir ; ceux du centre s’allongent ordinairement, dès la première année, en lambourdes de 2 à 7 centimètres de longueur.

Les feuilles sont ovales, lancéolées, pointues, quelquefois cordiformes ; elles sont largement et irrégulièrement dentées, d’un vert-jaunâtre, presque toujours crispées, contournées et tachetées de noir, souvent attaquées par les insectes ; celles qui entourent les yeux à fruits ont la même forme, mais le pétiole, qui est de 2 centimètres de longueur dans les premières, acquiert jusqu’à 5 ½ centimètres dans celles-ci.

Les yeux de l’année les plus élaborés ont des feuilles étroites, allongées, pointues, dentées et à bords latéraux, inégalement relevés ou en gouttière.

La nervure médiane est très-apparente, assez grosse, jaunâtre ; les nervures secondaires très-fines. Le pétiole est assez gros, cannelé, vert-clair.

Les stipules sont étroites, lancéolées, incisées ou filiformes.

Les supports sont gros, courts, ridés, rugueux, brun-foncé.

Le Beurré d’Hardenpont mûrit dans le mois de décembre, et l’on en conserve souvent jusqu’en février.

A. Royer.

  1. Par exemple, dans la vallée de la Meuse, à Namur, où nous cultivons un grand nombre de pyramides et de hauts-vents de cette variété, dont nous obtenons de magnifiques récoltes.