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savoir s’il pourra remplacer ces variétés par d’autres d’une qualité supérieure et surtout aussi fertiles.

Cette incertitude n’a plus aucune raison d’être, depuis que tant d’amateurs patients ont reconstitué le genre Poire, par des semis raisonnes ou confiés au hasard. Aujourd’hui que les résultats les plus remarquables sont venus couronner leurs efforts, nous pouvons, sans préjuger ce que l’avenir nous réserve, dire avec certitude qu’une ère nouvelle s’est ouverte pour la pomologie. Les plantations rustiques deviennent, non-seulement possibles, mais faciles, par le choix infini de variétés robustes qui peuvent convenir à toutes les terres ; tel qui renonçait à la plantation d’un verger, par la difficulté de pouvoir le peupler d’espèces fruitières vigoureuses, ou afin de ne pas être obligé de borner son choix entre des variétés sans valeur, ne devra plus s’arrêter maintenant devant cette difficulté.

Les genres Pomme, Prune et Poire offrent d’innombrables ressources, et la seule difficulté consistera bientôt dans l’embarras du choix.

Nous savons fort bien que toutes les variétés nouvelles ne répondent pas également à toutes les exigences. En effet, la généralité des plus fines et des plus relevées laisse beaucoup à désirer pour la grande culture. Mais n’est-ce pas trop exiger que de vouloir trouver tous les avantages dans un arbre qu’on doit livrer à une culture rustique, à laquelle la plupart des variétés anciennement connues se refuseraient ?

Un bon fruit de table, produisant abondamment, tenant bien aux branches, mûrissant lentement et sans blettir, voilà ce qu’il faut aux plantations des vergers.

Les poires de garde sont les plus rares parmi celles qui réunissent ces conditions ; et ce ne sont pas ces variétés qui conviennent aux plantations champêtres ; nous leur préférons celles qui donnent leur production à partir du mois d’août jusqu’en novembre.

En effet, les fruits de cette saison n’ont pas seulement l’avantage d’être d’une grande fertilité, mais ils sont encore les seuls qui ne demandent d’autres soins que la cueillette et l’apport direct au marché. Les variétés plus tardives réclament pour leur conservation des soins constants et des locaux dont un petit nombre de personnes peuvent disposer.

Ce sont les fruits d’automne que l’on exporte principalement, que l’on fait sécher au four, et avec lesquels on confectionne le poiré ; quand ils seront abondants, l’ouvrier pourra les faire entrer dans son alimentation journalière et augmentera ainsi son bien-être.

Nous ne voulons parler ici que du genre Poire, le plus négligé de tous, et qui ne peut manquer de marcher de pair avec la Pomme, du moment qu’il offrira les mêmes avantages. En effet, le poirier réussit souvent dans des conditions où d’autres espèces ne donneraient que des résultats insignifiants, soit à cause de l’exposition, soit à cause de la nature du sol.

Ce sont toutes ces considérations qui ont engagé la Commission royale de Pomologie à faire paraître successivement, dans ses Annales, la description des Poires nouvelles, déjà cultivées dans les jardins et qui, sous tous les rapports, sont propres à la culture des vergers.

Les matériaux de ce travail vraiment patriotique se trouvent réunis dans le jardin de la Société Van Mons à Geest-Saint-Remy, à laquelle la Commission sert de conseil administratif.

Ce jardin, placé dans les conditions les plus défavorables, est expose à tous les vents ; son sol est froid, argileux, et les variétés peu robustes y dépérissent en peu d’années ; il offre donc la certitude, que celles qui y réussissent conviennent à tous les vergers.

Les deux variétés que nous allons décrire y sont plantées depuis environ dix ans ; elles forment des hauts-vents pyramidaux d’environ 12 mètres de hauteur, qui se chargent chaque année de fruits exquis, nombreux et d’une maturation lente, remplissant ainsi toutes les conditions voulues.

La distribution des rameaux à greffer, que la Société Van Mons fait chaque année gratuitement à ses membres, aura pour résultat la propagation rapide des meilleurs fruits les plus convenables à la grande culture, et comblera ainsi une lacune regrettable.