Page:Annales de pomologie belge et étrangère - 1.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans tous les pays où le climat favorise peu la maturité des pêches, on a intérêt à la hâter au moyen d’appareils mobiles plus efficaces que les murs et leurs chaperons. Indépendamment de ce que la récolte est assurée, les arbres ne sont pas fatigués, quand on a principalement pour but de les garantir de ces intempéries printanières, qui interrompent si souvent la végétation, détruisent les fleurs et causent presque toutes les maladies des pêchers.

Quand on cultive dans l’intention de protéger la récolte des pêches, il faut ne garnir l’espalier que d’espèces hâtives. On taille à l’époque convenable, selon que l’on veut hâter plus ou moins la fructification, et l’on place aussitôt des châssis mobiles devant l’espalier, pour garantir des intempéries les jeunes pousses que provoque la taille. Ces châssis sont inclinés à l’angle de 60 degrés. Pour cela, on fixe solidement, sous le chaperon du mur, une forte tringle de bois, destinée à supporter les châssis, dont il faut un double rang. Les châssis du premier rang sont fixés chacun par deux charnières vissées sur cette tringle et sur la traverse supérieure, tandis que celle du bas repose sur la traverse supérieure des châssis du second rang. Leur base est appuyée sur une forte planche, placée de champ, à la distance nécessaire du mur, sur le sol, où elle est maintenue, à l’intérieur et à l’extérieur, par un rang de piquets plantés de chaque côté. Des chevrons, allant du mur à la planche, coupés obliquement à chaque bout et cloués en haut sur la sablière, en bas sur la planche de champ, servent de support aux châssis. Les extrémités de cette serre mobile sont fermées en planches, avec une porte ménagée au centre, et les joints sont calfeutrés avec de la mousse.

Cet appareil peu coûteux est suffisant, lorsqu’on veut seulement assurer la récolte. Une couche de litière appliquée à l’extérieur, sur le sol, contre son pourtour ; des paillassons déposés sur les châssis pendant la nuit durant les froids, une toile claire ou une claie à brins longitudinaux opposée aux rayons du soleil, quand il darde trop fort ; le soin de renouveler l’air, d’abord par l’ouverture des deux portes, et ensuite en soulevant les châssis ; celui de combattre les insectes par des fumigations de tabac ; voilà à peu près toutes les précautions à prendre.

Dès la floraison, on suspend aux espaliers des fioles pleines d’eau miellée ou de jus de pruneaux, pour détruire les fourmis et les guêpes. Quand les fruits sont noués, on répand sur les arbres de l’eau en pluie très-fine à l’aide d’une pompe à main. Lorsque la chute des feuilles a eu lieu naturellement, au moment de la formation du noyau, on inspecte l’état général de la fructification, afin de ne conserver que le nombre de fruits proportionnés à la vigueur des arbres et placés convenablement. Il faut se garder d’en laisser trop, pour ne pas les épuiser ; d’ailleurs, un trop grand nombre de fruits sur ces arbres aurait pour résultat d’en diminuer la qualité. Le palissage, l’ébourgeonnement et le pincement doivent être faits avec tout le soin possible, afin de favoriser la circulation de l’air, et de ne pas laisser développer des productions inutiles.

Dès le mois de juin, on enlèvera les châssis du bas, et l’on tiendra constamment ouvertes les portes des extrémités. On arrosera de temps en temps le feuillage, et l’on déposera au pied de chaque arbre, un ou deux arrosoirs d’eau, selon le besoin ; enfin, lorsque les fruits auront atteint leur grosseur normale, on les découvrira, pour qu’ils se colorent, soit en supprimant des feuilles, dont on conserve le pétiole, soit en les détournant simplement.

Après la récolte, on enlève tous les châssis pour les remettre en temps opportun, après que les arbres ont ressenti l’influence de l’hiver, condition essentielle à l’accomplissement régulier de leurs fonctions.

Si, au lieu d’assurer simplement la récolte des pêches, on avait l’intention de la forcer, on pourrait employer le même appareil, en y ajoutant un chauffage dont le foyer serait à l’extérieur des châssis et dont les tuyaux passeraient en dedans, le long de la planche du bas. Un épais réchaud de fumier garantirait le pourtour, et des paillassons et de la litière couvriraient les châssis, ainsi que les clôtures des extrémités. Le minimum de la chaleur produite doit être de 15 degrés. Les soins sont les mêmes que ceux qui ont été indiqués plus haut, la seule difficulté consiste à entretenir cette chaleur tout en donnant le plus possible de lumière et d’air. On peut commencer dès le mois de décembre, après que les arbres ont subi quelques degrés de froid.