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probablement de la Mauritanie qu’ils furent introduits en Espagne, dans la Navarre et dans la Biscaye. On pense que c’est de cette dernière contrée que les Normands rapportèrent à Dieppe ces arbres devenus si précieux pour leur province.

L’insuccès des greffes du pommier sur poirier avait engagé Tournefort à séparer ces deux genres ; Linné les a réunis plus tard en y ajoutant le coignassier ; enfin, de Jussieu a établi l’ordre des Pomocées, ayant pour type le pommier ; il l’a composé du pommier, du poirier, du coignassier, du néflier, de l’alisier et du sorbier.

Le pommier, qui croît spontanément dans les forêts d’Europe et qu’à tort ou à raison on y croit indigène, a :

Un calice à cinq divisions oblongues, aiguës ;

Cinq pétales insérés à l’orifice du calice et plus grands que lui ;

Une vingtaine d’étamines, rassemblées en boule, plus courtes que les pétales, et ayant la même insertion.

Le fruit est un péricarpe charnu et sphéroïde qui porte le nom de pomme ; il est glabre, ombiliqué au sommet, où restent adhérents les fragments du calice, et à la base, où est implanté le pédoncule. Son centre offre cinq loges parcheminées, renfermant chacune deux graines. Les semences ou pepins sont enveloppés d’une membrane cartilagineuse ; ils sont ovales, irréguliers et presque toujours aigus à leur point d’attache sur les parois des loges.

On divise les pommes en pommes douces ou à couteau, en pommes à cuire et en pommes amères qui, mêlées avec des douces, dans une proportion qu’indique l’expérience, constituent un cidre de bonne qualité.

Les pommes à couteau sont une ressource précieuse pour les desserts d’hiver ; aussi la culture de ce fruit, en vue de la production des plus belles espèces, est-elle, de la part du pomologue, l’objet d’efforts incessants et de soins assidus.

Outre la conservation des pommes dans un fruitier, où on les maintient assez facilement à l’aide des soins ordinaires, on en obtient du sucre de pommes, des compotes, des gelées, des pâtes, des sirops, de la pommée ou sorte de raisiné dans lequel on fait entrer des poires, du melon et quelques légumes ; enfin, on produit, avec les pommes, le cidre universellement connu, et, en Amérique, une sorte de vin cuit, doux et capiteux, qui y est assez estimé ; on en fait aussi de l’eau-de-vie et du vinaigre de cidre.

Les diverses variétés du pommier se reproduisent généralement par les greffes en fente et en écusson. On greffe sur franc, sur doucin et sur paradis. Les francs sont le résultat du semis des pepins de marc de cidre ; on les nomme égrins ; ils sont vigoureux et employés à greffer à haute tige pour former des pleins vents et de grandes pyramides. Il leur faut une terre douce, franche et un peu humide ; il n’est pas nécessaire qu’elle ait une grande profondeur, les racines étant un peu traçantes.

Le doucin est un pommier de moyenne grandeur, qui n’est cultivé que pour servir de sujet aux variétés dont on veut former des vases, des gobelets, des contre-espaliers et des pyramides de moyenne grandeur. On l’emploie de préférence dans les terrains légers et profonds.

Le paradis, le plus petit des pommiers, n’est employé que pour la greffe des pommiers qu’on veut tenir nains. Le terrain qui convient aux francs est celui qu’il préfère. C’est sur le paradis qu’on obtient les meilleurs et les plus beaux fruits.

On greffe en fente et en écusson les pommiers sur franc, et, en écusson seulement, les doucins et les paradis.

La conduite du pommier doit se calquer sur celle du poirier ; on le taille généralement plus court, surtout quand il est greffé sur doucin et sur paradis, dont le développement est toujours plus restreint.

Desfontaines a formé six groupes de toutes les pommes que nous connaissons.

Le premier groupe est la pomme sauvage, malus sylvestris ; le deuxième, la reinette, malus prasomila ; le troisième, le paradis, malus paradisiaca ; le quatrième, le châtaignier, malus castanea ; le cinquième, le calville, malus calvillea ; et le sixième, l’api, malus apiosa.

Ce classement, dans lequel il est difficile de placer, avec exactitude, tous les fruits du pommier, qui, depuis le temps immémorial auquel remonte sa culture, ont éprouvé tant de modifications, ne concorde pas avec la