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Dans le poirier franc, les rameaux sont habituellement garnis de dards épineux sur toute leur étendue ; ces dards deviennent des lambourdes. On a cru longtemps que ces épines indiquaient un fruit sauvage, acerbe, sans valeur, un plant enfin à modifier par la greffe : l’expérience et des observations suivies ont démontré l’insignifiance de ce caractère pour déterminer la nature du sujet ; on a même remarqué, dans les nombreux semis de Van Mons, que les arbres épineux donnent souvent des fruits d’hiver, tandis que le bois non épineux est l’indice d’une variété d’été ou d’automne.

Les yeux à fruits sont, dans leur origine, minces, pointus et garnis de deux ou trois feuilles ; ils se gonflent, s’arrondissent, après deux ou trois ans, et s’entourent de cinq à sept feuilles. Dans cet état, on peut prévoir une prompte fructification.

Les fleurs sont rarement solitaires ; elles se trouvent réunies en corymbes, au nombre de 5 à 9. Leur caractère commun se compose, selon Duhamel : 1o  d’un calice en forme de godet peu profond, divisé par les bords en cinq échancrures épaisses, terminées en pointes, qui subsistent souvent jusqu’à la maturité du fruit ; 2o  de cinq pétales un peu creusés en cuiller ; blancs, excepté dans un petit nombre de variétés, où les bords sont teints de quelques traits rouges, mais beaucoup moindres et plus légers qu’aux fleurs des coignassiers ; leur grandeur et leur forme varient selon les espèces ; 3o  de vingt à trente étamines assez longues, blanches, terminées par des sommets en forme d’olive, sillonnés, suivant leur longueur ; 4o  d’un pistil formé de cinq styles déliés, moins longs que les étamines, surmontés par des stigmates, et d’un embryon qui fait partie du calice.

Lorsque la fleur est épanouie, le fruit noue, c’est-à-dire que l’ovaire ou embryon se transforme en un fruit charnu, succulent, porté sur un pédoncule qui devient ligneux ; le sommet est ombiliqué.

Dans l’intérieur, au centre, se trouvent cinq petites loges cartilagineuses, contenant des graines ou pepins oblongs, pointus ; la couleur en est noir brun ou jaune noisette. La pulpe ou chair est protégée par une peau dont la couleur est très-variable, ainsi que la forme du fruit et son volume.

Voici les diverses formes qu’affectent les poires : elles sont pyriformes, rondes, longues, turbinées, ovales, obtuses, etc. Ces formes sont caractéristiques de certains types anciennement connus, tels que les doyennés, les bergamottes, les bon-chrétien et autres.

La pulpe est fondante, beurrée ou cassante ; la saveur en est parfois sucrée, parfumée, musquée, vineuse, acidulée, etc., selon la variété. Cette diversité, le goût exquis d’un grand nombre de poires, leur succession pendant la plus grande partie de l’année, tout concourt, dans les cultures, à donner au poirier une prééminence généralement reconnue. Aussi de tous les arbres fruitiers est-il le plus répandu dans les jardins.

On place en espalier les variétés délicates et d’hiver, ainsi que les fruits d’un fort volume, afin de les obtenir dans toute leur beauté.

Les poires d’automne, d’été et beaucoup de variétés modernes de toutes les saisons, se cultivent sous la forme de pyramide, de contre-espalier et de haut-vent.

Les pyramides ont remplacé presque partout la forme en quenouille, qui est surannée et défectueuse.

Les poiriers conduits en vase et en buisson, formes si connues du temps de la Quintinie, existent encore dans quelques parties de la France, mais on en voit très-peu en Belgique.

Le poirier se greffe sur franc ou sur coignassier ; on emploie rarement l’épine, sur laquelle on peut cependant le greffer avec quelque succès.

Le poirier sur franc est préférable, lorsque l’on veut utiliser de grands espaces, obtenir des arbres très-élevés et d’une longue durée. La greffe sur coignassier convient mieux, si l’on ne peut disposer, pour espalier, que de murs très-bas.

Le coignassier est souvent préféré par les personnes pressées de jouir ; en effet, ces arbres poussent moins à bois et élaborent leurs productions fruitières beaucoup plus tôt, mais ils vivent moins longtemps.

Nous ne parlons pas de la taille ; le cadre de cet ouvrage ne le comporte pas. Nous renvoyons nos lecteurs aux traités spéciaux.