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en dernier lieu dans le classement de la pépinière, plusieurs erreurs aient été commises, soit dans l’envoi des greffes, soit dans les annotations concernant l’appréciation des fruits nouveaux.

En 1844, ce qui restait de la pépinière Van Mons passa entre les mains de M. Alexandre Bivort et fut transplanté à Geest-Saint-Remy, où, à dater du 1er janvier 1854, cette pépinière servira de jardin à une société, formée sous les auspices du gouvernement et la protection du Roi, dans le but de conserver et de continuer les travaux du professeur dont elle portera le nom.

Van Mons peut passer, à juste titre, pour le père des pomologues belges ; non-seulement, il a procréé par ses semis un grand nombre de bons fruits, mais il est presque le seul auteur régnicole qui se soit occupé spécialement de cette branche importante de l’agronomie, et le seul qui réellement l’ait fait progresser.

Déjà avant nous, à l’époque de sa mort, la Société d’agriculture de Nancy l’avait proclamé le prince des horticulteurs contemporains. Ce titre, la postérité l’admettra peut-être, lorsque ses théories, aussi profondes et aussi anticipées en pomologie qu’elles l’étaient en chimie et en physique, loin de paraître des utopies ou des paradoxes, seront admises comme point de départ ou base de cette science.

Lorsque, vers la fin du siècle dernier, Van Mons commençait ses essais et jetait les fondements de sa théorie sur la régénérescence des arbres fruitiers par le moyen des semis successifs, la pomologie, entièrement délivrée des langes de l’enfance et de la routine dont elle avait été si longtemps enveloppée, se montrait, par suite des travaux de la Quintinie, Merlet, Legendre et Duhamel, à la hauteur des autres sciences. La culture, la taille et la monographie des arbres fruitiers étaient dès lors parfaitement établies. Un seul point n’était pas même effleuré dans les ouvrages des auteurs que nous venons de citer. C’était celui de la dégénérescence ou détérioration de ces mêmes arbres. C’est cette dégénérescence, reconnue par Van Mons, qui l’a engagé à chercher les moyens de la combattre. Il nous semble donc utile de la bien établir d’après ses écrits, avant de développer les moyens qu’il a trouvés pour y porter remède.

D’après Van Mons, la cause de la dégénérescence du fruit résulte de l’âge de la variété. Voici comment il s’exprime à cet égard dans sa Pomonomie :

« On se plaint généralement et avec raison de la décadence des espèces fruitières anciennes ; tout le monde remarque les vices des anciens fruits, tout le monde les avoue, s’en plaint et s’en désole. Je ne connais rien d’aussi déplorable, en fait de culture, que d’élever un arbre dans l’espoir de jouir de son fruit et de le voir tomber en ruine, au moment où cet espoir devrait se réaliser. Est-il rien de plus décourageant que de perdre ses peines dans l’éducation d’arbres greffés, sans espoir d’être récompensé de ses soins par leur beauté future ? Ils sont assaillis dès leur berceau par toutes les souffrances de la vieillesse ; on accuse le sol, on en veut au temps, le sujet reçoit sa part des reproches ; enfin ce qui est seul répréhensible, l’âge de la variété, reste à l’abri du soupçon.

» Quand la cause provient de l’âge, aucun remède ne peut le guérir, le mal est persistant.

» Quand des causes étrangères, et qu’il dépend de nous d’éviter, rendent le mal passager, l’effet cesse dès que la cause discontinue d’agir, car l’art peut faire disparaître ce qu’il a contribué à faire naître. Une forme vicieuse qu’on s’obstine à faire prendre et garder à l’arbre ; une taille intempestive, trop longue ou trop courte ; un sol infécond ou trop humide ; une exposition où le jour et l’air ne peuvent circuler librement, sont autant de causes de la souffrance artificielle que l’arbre et son fruit, peuvent éprouver.

» L’âge d’une variété date du moment où elle a pris naissance de graine ; son premier pas vers la vieillesse ou la décadence, date de l’époque où elle rapporte son premier fruit ; la qualité bonne ou mauvaise de ce fruit, la fertilité plus ou moins grande de l’arbre qui le porte, font seules une différence dans la longueur de la vie d’un arbre fruitier ; celui qui produit abondamment et chaque année des fruits excellents, s’épuise bien plus tôt que celui qui ne produirait que de mauvais fruits et en petite quantité. »

La vieillesse chez l’arbre fruitier s’annonce par la perte de sa vigueur et par son impuissance à remplir les fonctions de la nutrition et de la propagation.

Avant son entière décadence et pendant que l’arbre produit encore du fruit, ce fruit porte déjà des marques de l’état chétif de l’arbre. Dans le genre poirier, qui est le plus attaqué, la poire ou n’arrive pas à sa maturité ou devance son époque ordinaire ; elle est percée de vers, se fendille, se gerce, et sa chair, sans eau ni parfum, est remplie de gravelle et de pierres.

Le pepin est encore plus fortement atteint, car le vice dont il est entaché, y est établi en permanence, non pour la reproduction de l’arbre, mais pour celle du fruit ; car, s’il peut, par le moyen d’un premier semis, reproduire un arbre d’autant plus vigoureux et robuste que l’affection a été plus profonde, il ne peut plus reproduire qu’un mauvais fruit.

La dernière décadence de l’arbre fruitier, celle qui annonce sa fin prochaine, se fait sentir dans l’ensemble du sujet même ; le bois est attaqué de gangrène sénile, les branches meurent une à une sans cause apparente. Son impuissance