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Introduction.


SOMMAIRE.

Considérations générales sur les fruits. — Contraste entre les régions équatoriales et les climats Européens. — But des recherches de la Pomologie. — Persistance des genres et des espèces de la création. — Vie bornée des variétés. — Nécessité de les remplacer à mesure de leur décrépitude. — Moyen naturel par les semis spontanés. — Artificiel, par les travaux de l’homme. — Fruits cultivés dans l’antiquité. — Influence de la marche et des conquêtes des armées romaines sur la dissémination des espèces fruitières. — Fruits indigènes à l’Italie d’après les agronomes latins. — Espèces importées de l’Asie et de la Grèce en Europe. — Richesse de la Pomone antique suivant Pline et Pallardius. — Installation d’un fruitier romain d’après Varron. — Époque de l’invasion des barbares et de la féodalité. — Renaissance de la Pomologie au xve siècle, Olivier de Serres. — Petit nombre de fruits de cette époque encore cultivés de nos jours ; — xvie siècle, Merlet et la Quintinie. — xviie siècle, Duhamel. — Comparaison de leurs nomenclatures. — Preuves à l’appui du principe de la dégénération des variétés du poirier, posé par Van Mons. — Travaux et semis des horticulteurs du Hainaut, 1750 à 1790. — Van Mons, sa naissance, sa vie, ses travaux, son système sur la régénération des variétés par le moyen des semis successifs, 1790 à 1842.

§ Ier.

Le Créateur, dans sa munificence infinie, en couvrant notre globe des productions du règne végétal, ne s’est pas contenté de pourvoir ainsi à l’existence des êtres vivants sur cette terre, il a voulu, en outre, leur accorder toutes les jouissances des sens. À côté des céréales, richesse et alimentation principales des peuples ; des plantes textiles qui leur fournissent le vêtement ; des plantes fourragères à l’usage de nos animaux domestiques, l’Auteur de toutes choses a placé les fleurs, qui réjouissent nos yeux par leurs couleurs aussi éclatantes que variées, et dont une grande partie donnent naissance aux fruits, afin de satisfaire à toutes les exigences du goût.

Pour le botaniste, un fruit n’est qu’un ovaire fécondé, succédant à une fleur, et dont la destination est de pourvoir, par la formation et la fécondation des graines, au grand but de la nature, la reproduction des individus et la durée des genres et des espèces. D’après une telle définition, le blé serait un fruit au même titre que le raisin ; le gland ; les légumineuses figureraient à côté de la noix, de la poire ou de la pêche.

Les vues du pomologue sont moins générales : il considère comme fruits proprement dits, ceux qui sont immédiatement comestibles et propres à l’usage de l’homme, sans aucune transformation préalable.

Les arbres, les arbustes et les autres végétaux qui produisent les fruits, se trouvent répandus dans une proportion très-inégale, et selon les climats, sur toutes les parties de la terre. Dans les régions équatoriales, la nature les produit avec une libéralité sans égale, et presque spontanément. L’habitant des contrées tropicales récolte sans beaucoup de travail, les fruits du cocotier, de l’arbre à pain, de l’ananas, de la grenadille, etc., etc. ; il semble que la nature, en bonne mère, ait voulu lui épargner des fatigues incompatibles avec la chaleur énervante de son climat.

L’Européen, moins favorisé, doit pourvoir à ses besoins, à ses goûts, d’une manière plus laborieuse, tandis que, sous nos latitudes, les espèces fruitières indigènes ont nécessité des efforts persévérants, un travail obstiné de la part de l’homme, pour se perfectionner, se civiliser en quelque sorte, avant d’obtenir la place qu’elles occupent dans nos