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28. — Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « L’homme qui marche dans la pratique de la vertu doit se regarder en présence de ses passions comme une herbe combustible devant un grand feu ; l’homme jaloux de sa vertu doit s’enfuir à l’approche de ses passions(327-D). »

29. — Un homme attristé de ne pouvoir triompher des pensées mauvaises qui l’obsédaient, tournant contre lui-même le tranchant d’une hache, se donna le coup de la mort. Bouddha, le suprême des êtres, lui adressa ces mots : « Trancher la vie, ne vaut pas trancher les déréglemens du cœur ; le cœur, c’est la racine de tout ; après avoir détruit le principe et la racine, tout ce qui en procède s’évanouit. Ne pas trancher les pensées mauvaises, trancher au contraire ta vie, quel bien en résulte-t-il ?… » Bouddha ayant ainsi parlé, cet homme mourut aussitôt. Bouddha prononça alors ces mots : « Les faux jugemens du monde ressemblent à ceux de cet homme insensé(327-E). »

30. — Une fille impudique avait donné rendez-vous à un homme : comme au tems fixé il ne paraissait pas, s’abandonnant au repentir, elle se dit à elle-même : « Ô passion ! je connais ton principe et ta source, c’est de mes propres pensées que tu as pris naissance ; si je n’avais pas pensé à toi, certainement tu ne serais pas née. » Bouddha, en passant, l’entendit ainsi parler, il dit alors au Charmana : « C’est un souvenir de la sentence que Chekia-fo a laissée dans le monde(327-F). »

(327-D). Voilà encore des préceptes tout à fait évangéliques. On comprend que des peuples, imbus de ces préceptes, ont peu à changer à leur conduite ; ils n’ont plus qu’à connaître le complément de la loi apporté par le Christ.

(327-E). Voici encore un admirable précepte et contre le suicide, et sur la nécessité de corriger ou de circoncire le cœur, plutôt que de détruire sa vie ; mais que l’on se souvienne bien qu’il est très-probable que cette morale est la morale primitive, si toutefois elle n’a pas été empruntée au Christianisme.

(327-F). Voilà la découverte d’une des sources les plus fécondes de toutes les mauvaises actions ; c’est de nos propres pensées qu’elles reçoivent la naissance. Et cependant c’est dans les pensées que toute la philosophie