Page:Annales de philosophie chrétienne vol 40, 1850.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.


22. — Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « Il n’y a pas de passion plus violente que la volupté  ; rien ne va au delà de la volupté. Par bonheur, il n’y a qu’une seule passion de ce genre, car, s’il y en avait deux, en tout l’univers, pas un seul homme qui pût suivre la vérité(292-V). »

23. — Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « Les hommes qui nourrissent leurs passions sont comme si, prenant une torche à la main, ils marchaient contre le vent ; si les insensés ne rejettent pas cette torche, leur main ressentira certainement les brûlantes atteintes de la flamme. L’homme qui se laisse tyranniser par l’impudicité, la colère et la stupidité, s’il ne se hâte d’en neutraliser le poison par la vertu, il est certainement semblable à l’insensé qui, tenant une torche à la main, ressent les brûlantes atteintes de la flamme. »

24. — En ce tems-là un esprit céleste présenta une belle fille à Bouddha, dans le dessein de tenter son cœur et d’éprouver sa vertu, Bouddha prononça ces mots : « Sac de peau, rempli de

instincts, y sont oubliés ou sacrifiés. On a oublié le précepte primitif : « Croissez et multipliez, l’homme et la femme seront deux dans une seule » chair (292-1). » Je ne voudrais pas d’autre preuve pour démontrer que la religion bouddhique a été formulée par quelques dévots yoghis, quelques-uns de ces solitaires qui, dans l’Inde, ont peuplé les forêts, et qui, en ce moment même, peuplent les environs de Lhassa. On y voit le chef de secte qui a songé à peupler son couvent, à augmenter son influence, plutôt que le législateur répétant les paroles de Dieu. Combien l’Évangile est éloignée de ces exagérations. Saint Paul nous dit, il est vrai, « que les » personnes mariées éprouveront les tribulations de la chair(292-2) ; » mais il ajoute, en parlant de la femme, qui doit le plus en éprouver, « elle sera » sauvée par la génération des enfans(292-3)  ; » et ailleurs, il compare l’état de famille à l’union qui existe entre le Christ et son église. « C’est un » grand sacrement dans le Christ et dans l’Église(292-4). »

(292-V). Voilà encore une de ces grandes vérités que l’esprit de secte n’a pas pu effacer ; son expression est même très-remarquable.

(292-1). Genèse, I, 22  ; H, 24.

(292-2). I Cor., VII, 28.

(292-3). I Timot., il, 15.

(292-4). Aux Eph., III, 32.