un juste milieu, elle voulut bien, tout au moins, déclarer que les mots septante, huitante, nonante sont également de recette.
Toutefois nous n’hésiterions pas à leur préférer les expressions deux dix, trois dix, quatre dix, …. De même, en effet, qu’un enfant en bas âge ne se fait jamais expliquer, par exemple, ce que c’est que quatre cens, il ne, aviserait jamais de demander davantage ce que c’est que quatre dix ; la dénomination lui indiquant la chose d’une manière assez claire ; tandis qu’on est obligé de lui expliquer que quarante est le nom de la collection de quatre dixaines. Un enfant qui sait que cinq et trois font huit ne demandera jamais non plus combien valent ensemble cinq cens et trois cens, parce qu’il verra évidemment de lui-même que cela fait huit cens ; il ne demandera pas davantage combien font ensemble cinq dix et trois dix, tandis qu’il sera, au contraire, très-fondé à demander combien valent ensemble cinquante et trente ; parce qu’ici les mots ne rendent les idées que d’une manière imparfaite. D’ailleurs, l’ordre et l’uniformité plaisent et attachent naturellement, parce qu’ils offrent plus aisément prise à l’action de la mémoire et à celle du jugement, et de là sans doute ce penchant des enfans en bas âge à faire tous les verbes réguliers ; or, comment veut-on qu’ils prennent quelque goût pour les spéculations numériques, eux chez qui l’étude de la numération parlée doit nécessairement précéder celle de la numération écrite, si cette numération parlée présente, dès le début, des anomalies dont il est impossible de se rendre compte ? Cependant telle est l’indifférence générale du public sur toutes ces choses, tel est le petit nombre des hommes qui en sentent l’importance que nous ne serions pas surpris de voir beaucoup de lecteurs nous reprocher d’y avoir beaucoup trop insisté.
Pour leur prouver que nous sommes peu disposés à nous corriger, signalons encore une dernière irrégularité. De même que les nombres qui s’écrivent