ordinaire que l’on consacre à peindre les nombres ; sont appelés des chiffres.
Nous employons ici, comme l’on voit, le mot système dans le sens qu’y attachent les naturalistes, c’est-à-dire, comme signifiant un ensemble de moyens propres à conduire à un but déterminé : et c’est dans ce sens que l’on dit, par exemple, en botanique, les systèmes de Linnée, de Tournefort, de Jussieu, de Lamarck, etc. Mais malheureusement ce mot, comme tant d’autres, a encore une autre acception assez différente de celle-là. Le mot système, en effet, signifie aussi, très souvent, une supposition purement gratuite à laquelle on a recours, dans la vue d’expliquer comment pourraient être produits des effets dont les causes sont inconnues ; et c’est dans ce sens, par exemple, que l’on dit, en parlant des phénomènes électriques, les systèmes de Dufaye, de Franklin, d’Œpinus, de Coulomb, etc. Nous sommes donc obligés de prévenir, avant d’aller plus loin, que ce n’est jamais sous cette dernière acception que le mot système est employé quand il s’agit de numération.
Lorsqu’on songe à inventer un système de numération, la première pensée qui doit s’offrir aux inventeurs, s’ils sont guidés par la saine raison, c’est d’établir entre la numération parlée et la numération écrite une relation assez intime pour qu’en entendant nommer un nombre on sache de suite comment il doit s’écrire, et qu’à l’inverse, en le voyant écrit on sache aussitôt de quelle manière il doit être énoncé dans le discours. C’est ainsi qu’il en arrive pour nos langues vulgaires d’Europe où, abstraction faite de quelques bizarreries de l’orthographe, nous sommes à la fois en état d’écrire sous la dictée un mot que nous entendons prononcer et de prononcer un mot que nous voyons écrit pour la première fois, sans même que nous ayons aucunement besoin d’en connaître la signification, et quand bien même il n’aurait de sens dans aucune langue.
Quelque simple et quelque naturelle que cette idée puisse paraître, il est pourtant sur la terre de grandes nations qui ne s’en