seigner, et apprécier ainsi, avec une équitable et impartiale sévérité, tant de méthodes d’enseignement prônées tour à tour d’une manière fastueuse, par la cupidité et le charlatanisme, et que le besoin bien senti d’améliorations notables dans nos plans d’études a fait quelquefois accueillir par des âmes généreuses avec beaucoup trop de faveur.
Mais qu’il me suffise de noter ici qu’il est un fond commun de connaissances dont tous les hommes parviennent également à se mettre en possession, les plus ineptes comme les plus intelligens ; que ce fond, à y regarder de près, est beaucoup plus riche qu’on n’est généralement porté à le supposer ; et qu’à l’époque où le vulgaire se figure que l’éducation commence, l’enfant même qui passe pour le plus stupide sait déjà incomparablement plus de choses que ne pourra se promettre d’en apprendre le plus heureusement organisé, dans tout le cours d’une longue et laborieuse carrière.
Un besoin insatiable d’aliment et d’activité, que souvent l’esprit partage avec le corps, ou peut-être seulement le besoin d’un préservatif contre l’ennui qui naît de l’oisiveté, a déterminé des hommes, doués d’un esprit méditatif, à consacrer leurs loisirs à des réflexions, à des recherches spéciales sur certaines branches du savoir commun, dans la vue de les mieux étudier, d’y découvrir des rapports et des combinaisons inaperçus jusqu’à eux ; et c’est à l’ensemble des résultats de leurs travaux qu’on a donné le nom de sciences ; tandis qu’on a appelé savans les hommes qui, sans même avoir pris aucune part à la découverte de ces résultats, sont néanmoins parvenus à se les rendre familiers. Ce n’est qu’improprement qu’on applique quelquefois ce qualificatif aux inventeurs même des sciences.
Toute science donc, quel qu’en puisse être d’ailleurs l’objet, n’est, comme on le voit, que l’extension et le développement de quelque connaissance généralement familière à tous. Une science même ne saurait être vraiment digne de ce nom qu’autant qu’elle