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« J’ai examiné, Monsieur, avec le plus grand soin, l’hypothèse sur la nature des queues des comètes, que vous m’avez fait l’honneur de me communiquer ; j’en ai été enchanté. Elle est très-simple, et la simplicité est le cachet de la nature. Votre idée est sublime, mais elle vous donnera sans doute de grandes difficultés pour la réduire au calcul. Il me tarde beaucoup de vous voir achever ce travail, et de lire le beau mémoire que vous nous faites espérer sur cet intéressant sujet. »

On ne me l’axera pas sans doute d’un engouement excessif pour mes idées, si l’on considère que, malgré une approbation si flatteuse et si encourageante, j’ai résisté, pendant dix-huit ans encore, à la tentation de publier mes conjectures sur un sujet qui m’avait tant préoccupé. Mes recherches récentes sur le mouvement de la lumière dans un milieu transparent de densité variable (tom. xix, pag. 257) ont rendu la tentation plus forte, et, comme en même temps les glaces de l’âge ont rendu la résistance moins énergique, j’y succombe aujourd’hui, ne fassent que pour m’en ôter le tourment et n’être plus tenté à l’avenir. C’est, si l’on veut, un vieux procès bien chanceux que, quelle qu’en puisse être l’issue, je veux faire juger définitivement pour n’avoir plus désormais à m’en occuper en aucune sorte.

Au surplus, quand bien même mon hypothèse serait de nature à ne pouvoir absolument être admise, ce qui va suivre pourrait encore être digne de quelque intérêt, comme exercice de calcul, et comme supplément aux exemples que j’ai donnés dans le mémoire rappelé plus haut. On a quelque fois reproché à Euler de créer des hypothèses pour se donner le plaisir de faire des calculs, et je sens fort bien que, si c’est là un travers, je suis loin d’avoir les mêmes titres que cet illustre géomètre à me le faire pardonner ; mais je n’ai pas non plus la prétention de valoir mieux que lui sous aucun rapport.

Soit, dans l’espace, une masse très-étendue d’une substance ga-