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gards vers elle sans réfléchir sur la nature de cette apparence singulière qui, sous le nom de queue, barbe ou chevelure, accompagne communément et exclusivement ces sortes d’astres. Je m’empressai de relire avec soin tout ce qu’on avait écrit sur ce sujet ; mais je ne trouvais dans tout cela que des suppositions vagues, insuffisantes et inconciliables avec les lois d’une saine physique. Dans mes recherches sur le phénomène du mirage j’avais eu soin d’abord de tenir compte de la courbure des couches atmosphériques de densité constante, comme l’a fait postérieurement M. Biot. Quelques résultats d’analyse que je venais d’obtenir me firent faire de singuliers rapprochemens, et je fus conduit, presque involontairement, à une hypothèse tellement hardie et tellement éloignée des idées reçues, que je crus devoir mettre tous mes soins à la repousser, comme j’aurais pu le faire d’une pensée coupable.

J’étais presque parvenu, non sans beaucoup d’effort et de peine, à bannir tout-à-fait cette hypothèse de mon esprit, lorsque la belle comète de 1811 s’offrit à mes regards et me fit retomber, malgré moi, dans mes premières réflexions. Plus j’envisageais mon hypothèse et plus elle me paraissait plausible, et même la seule que l’on pût raisonnablement admettre. Toutefois, éloigné, par goût, de tout ce qui n’est point susceptible de démonstration rigoureuse, je ne fis part de mes réflexions à personne ; seulement ayant eu l’occasion d’écrire, dans le même temps, à M. l’astronome Flautgergues, au sujet d’un mémoire sur la diffraction, qu’il avait adressé à l’Académie de Nismes, et ne pouvant guère me dispenser de lui parler de la comète qui alors attirait tous les regards, même ceux des plus indifférens, et dont je venais de calculer une éphéméride, je lui touchai quelque chose de mes conjectures, dont je ne lui donnai d’ailleurs qu’une idée très-succincte, ayant même soin d’aller au devant des principales objections qui pourraient m’ètre opposées. Ce patriarche de l’astronomie en fût si peu offusqué que, par une lettre de Viviers, en date du 25 novembre 1811, il me fit l’honneur de me répondre en ces termes :