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et, par suite, d’autant plus dilatées, toutes choses égales d’ailleurs, qu’elles sont plus voisines du sol ; voilà donc une cause de condensation et une cause de dilatation qui se contrarient, et de la combinaison desquelles il résulte que les couches inférieures doivent être plus dilatées et conséquemment moins denses, et que les couches supérieures, au contraire, doivent être moins dilatées et conséquemment plus denses qu’elles ne le seraient si la température se trouvait uniformément répartie dans toute la masse ; ce qui doit rendre le accroissement de densité de bas en haut, moins rapide qu’il ne le serait dans le même cas.

On conçoit même que, dans certaines localités, dont le sol est susceptible de s’échauffer fortement dans le milieu du jour, par l’action des rayons solaires, il peut se faire que la chaleur qu’il communique aux couches atmosphériques les plus basses y produise une dilatation qui compense ou même fasse plus que compenser la densité que tend à leur faire acquérir la pression à laquelle elles sont soumises ; et alors la densité de ses couches pourra fort bien être constante ou même croissante de bas en haut, jusqu’à une certaine hauteur au-delà de laquelle elle deviendra décroissante. Il ne serait même pas impossible que, dans des circonstances probablement forx rares, la densité des couches fût alternativement croissante et décroissante, de manière à présenter, le long d’une même verticale, plusieurs maxima et minima ; or, ce sont toutes ces variétés de circonstances, comme nous le verrons bientôt, qui donnent naissance à cette multiplicité d’images d’un même objet qui constitue proprement le phénomène du mirage, ainsi qu’à beaucoup d’autres phénomènes non moins piquans, dont quelques-uns, à la vérité, n’ont point encore été observés, mais que le calcul, devançant ici l’observation, comme en tant d’autres rencontres, ne nous montre pas moins comme très-possibles.

II. Lorsqu’un milieu transparent se trouve ainsi composé de couches horizontales de densité uniforme ; les rayons émanés, dans