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les rapports qui en ont été faits à l’Académie royale des sciences n’ont malheureusement que trop servi à reculer cette époque, en jetant une sorte de défaveur sur les principes d’où nous sommes partis, et en donnant à penser qu’il s’agit d’une espèce de géométrie où l’on remplace la rigueur du raisonnement par des inductions hasardées, des aperçus de pur sentiment. Le fait est que ce reproche a été reproduit vaguement par divers géomètres et par M. Gergonne lui-même, sans motifs plausibles, disons plus, sans avoir suffisamment approfondi le sujet[1]. Nous aurions bien mai employé notre temps et nos peines, si nous n’avions pas réussi, aux yeux des personnes non prévenues, à mettre le résultat de nos démonstrations à l’abri de toute attaque ; peut-être même n’en saurait-on dire autant de beaucoup d’écrits géométriques de notre époque, où la logique sévère des anciens est quelquefois négligée par suite de l’habitude acquise assez généralement, d’accorder aux symboles et aux opérations de l’algèbre une rigueur mathématique presque indéfinie[2]. »

Nous n’en dirons pas davantage, pour le moment, sur ce qui

  1. J’ai dit simplement ce que je croyais qu’on penserait des principes de M. Poncelet, et non ce que j’en pensais moi-même ; et, de son aveu, j’ai deviné assez juste. En jetant mes regards en arrière, en voyant que les progrès notables des sciences avaient presque toujours eu leurs sources premières dans quelque heureuse témérité, je me suis des long-temps accoutumé à beaucoup de bienveillance pour tout ce qui s’écarte des routes battues ; et voilà comment, en particulier, il m’est arrivé de lutter une fois avec quelque chaleur (tom. IV, pag. 222) contre le meilleur de mes amis, en faveur d’une théorie nouvelle, sujette aussi à controverse, et qui n’est pas tout-à-fait étrangère à celles que M. Poncelet cherche à faire admettre.
    J. D. G.
  2. Ceci, je crois, n’est point pour moi : mais c’est un nouvel exemple de ces insinuations obliques, d’autant plus désobligeantes qu’elles donnent souvent à penser au lecteur beaucoup plus qu’elles ne signifient en réalité.
    J. D. G.