fugitive qu’il n’en est fait aucune mention ni dans le rapport des commissaires de l’académie, ni dans la préface de l’auteur, ni même dans son introduction de trente pages. N’est-on pas fondé, d’après cela, à penser que M. Poncelet avait d’abord regardé cette partie de son ouvrage comme très-accessoire, surtout lorsqu’on lui voit recommander les élémens d’Euclide, et qu’on le voit débuter par des proportions et des calculs ?
L’ouvrage de M. Poncelet est sans doute rempli d’une multitude de choses très-remarquables ; mais pent-être l’auteur aurait-il bien fait d’en faire le sujet d’autant d’ouvrages séparés ; d’autant que, parmi les doctines qu’il cherche à faire prévaloir, il en est qui sont tout au moins sujettes à controverse et dont le mélange avec les autres peut faire tort à celles-ci, qui sont au contraire au-dessus de toute attaque.
Quant à nous, convaincus comme nous le sommes que, loin de rien gagner en brusquant les révolutions, on ne fait le plus souvent ainsi qu’en reculer l’accomplissement, et convaincus également qu’il est des choses qu’il faut redire bien de fois avant de les faire recevoir, nous avons embrassé un horizon moins vaste. Certains, même avant que M. Poncelet ait rien publié sur ce sujet, que toute la partie de la géométrie qui ne dépend pas des relations métriques était double, nous avons saisi toutes les occasions de rendre cette vérité sensible ; et pourtant, malgré tous nos efforts, nous n’oserions nous flatter d’y avoir complètement réussi. Toujours est-il vrai, du moins, qu’aujourd’hui encore nous recevons de diverses parts des énoncés de théorèmes, susceptibles de l’espèce de traduction qui fait le sujet des méditations de M. Porcelet, sans que leurs auteurs aient l’air de se douter que cette traduction soit possible.
Il est au surplus un obstacle réel à la propagation facile des doctrines que M. Poncelet et nous cherchons à populariser, et cet obstacle, comme nous l’avons déjà insinué plusieurs fois, réside dans l’obligation où nous nous trouvons de parler la langue créée pour une géométrie bien plus restreinte que celle qui nous occupe. Condillac