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Mais M. Jean Mile, professeur de physique à l’université de Varsovie, dans une lettre en date du 20 juin 1821, insérée dans le Journal de physique, de chimie et d’histoire naturelle (novembre 1822), vient de battre en ruine la première de ces deux suppositions. Il a prouvé en effet, par des considérations géométriques de la plus grande simplicité, que, lorsqu’on regarde un objet à travers un verre sphérique d’une épaisseur constante, c’est-à-dire à faces concentriques, 1.o si la concavité est tournée vers l’objet, l’angle visuel est toujours amplifié ; 2.o si, au contraire, c’est la convexité qui est tournée vers l’objet, l’angle visuel est amplifié, demeure le même ou est diminué, suivant que le centre de courbure est en arrière de l’œil, à l’œil même ou devant lui.

Or comme, lorsqu’on interpose un verre plan entre l’œil et un objet, il est toujours permis de considérer ce verre comme un verre sphérique d’une épaisseur constante et d’un rayon infini ; et comme alors on peut toujours supposer que c’est sa concavité qui est tournée vers l’objet, et qu’en admettant même que ce fût sa convexité, le centre de courbure se trouverait alors en arrière de l’œil, il s’ensuit que l’interposition d’un verre plan, à faces parallèles, entre l’œil et un objet, amplifie toujours l’angle visuel sous lequel l’objet s’offrirait à l’œil nu, et cela d’autant plus que le verre est plus épais et que sa substance jouit d’un pouvoir réfringent plus énergique ; proposition qu’au surplus M. J. Mile démontre d’abord directement.

Quelque évidente que soit la démonstration de M. Mile, il ne se croit pas pour cela dispensé d’appuyer son assertion d’une expérience facile et décisive, fort propre à convaincre les physiciens, malheureusement encore en assez grand nombre, aujourd’hui même, qui n’entendent rien en géométrie. Prenez, dit-il, un tube de fer-blanc, assez gros et long, aux deux extrémités duquel vous mastiquerez bien exactement et perpendiculairement à son axe deux disques de verre plan ; et montez ce tube sur un pied, comme vous le feriez d’un télescope grégorien, de telle sorte que son axe soit horizontal. Placez ce tube de manière que son axe soit perpendiculaire à une