idées de M. Carnot sur l’analise et sur la synthèse ne sont pas mieux d’accord avec celles de Condillac qu’avec les nôtres. Si on les adoptait, la qualification de méth de ténébreuse que Condillac donne, on ne sait pourquoi, à la synthèse, conviendrait incomparablement mieux à l’analise. Mais une méthode, tout comme une route souterraine, pour être ténébreuse, peut fort bien, malgré cela, n’en être pas moins sure, et c’est là, en effet, le cas de l’analise, dans le sens que M. Carnot attache à cette expression.
55. C’est sans doute une très-heureuse témérité, de la part des géomètres, que d’avoir osé soumettre au calcul certaines expressions, dont ils ne pouvaient eux-mêmes avoir une idée bien nette à l’époque où ils se sont déterminés à en faire usage ; et cette témérité a puissamment contribué au progrès de l’analise. Rien ne s’oppose certainement à ce qu’on caractérise l’usage de ces expressions par une dénomination particulière, mais il nous paraît, encore un coup, souverainement raisonnable de conserver aux mots synthèse et analise une signification à la fois conforme à l’étymologie et consacrée par un long usage. On ne pourrait d’ailleurs leur donner une nouvelle destination, qu’en les remplaçant, dans la leur, par d’autre mots qui, avec quelque soin qu’on les choisisse, aurait long-temps contre eux la défaveur dont nous frappons constamment tout ce qui s’écarte de nos habitudes.