et sur la synthèse, une doctrine qui lui est propre ; et qui n’a pas plus d’analogie avec celle de Condillac qu’avec la notre. Pour ne rien laisser à désirer sur le sujet qui nous occupe, nous croyons devoir, en terminant, faire quelques réflexions sur cette doctrine. Mais ici du moins nous ne rencontrerons pas des embarras pareils à ceux que nous a donné l’examen des principes de Condillac : M. Carnot, dans l’ouvrage cité, expose sa doctrine de la manière la plus franche et la plus lumineuse.
39. Mais cet illustre géomètre semble ignorer, dès l’abord, ce que pourtant, nous en sommes bien sûrs, il sait tout aussi bien que nous. Nous voulons dire qu’il semble croire que les mots synthèse et analise ont une signification intrinsèque, tout-à-fait indépendante des conventions humaines, et il a l’air de vouloir chercher quelle peut être cette signification[1]. Qu’on se détermine à donner à telle méthode le nom d’analise, et à telle autre le nom de synthèse ; rien de plus libre et de plus légitime sans doute ; mais se demander sérieusement ce que c’est que la synthèse et ce que c’est que l’analise, c’est, ce nous semble, une question à laquelle il est impossible de faire une réponse raisonnable.
40. Pour établir sa doctrine, M. Carnot pose d’abord en principe que l’analise doit être une méthode très-différente de la synthèse ; qu’elle doit lui être de beaucoup supérieure ; et qu’enfin elle doit être en entier l’ouvrage des modernes. Mais on ne conçoit pas trop sur quel fondement il a pu appuyer ces assertions. Il est certain du moins que les anciens employaient une manière de raisonner qu’à tort ou à raison ils avaient appelée analise ; et si l’école de Condillac a considéré l’analise comme une invention moderne,
- ↑ Cette erreur, très-fréquente chez les philosophes, paraît avoir sa source dans l’habitude où l’on est d’admettre des définitions de choses. Si l’on se persuadait bien qu’il n’y a réellement, dans les sciences abstraites, que des définitions de noms, on éviterait bien des embarras et bien des erreurs.