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SUR LA RÉSISTANCE DES BOIS.

trois quarts de l’épaisseur de la pièce, puis il enfonça dans le trait de la scie un coin fort mince, et d’un bois encore plus dur que le chêne. La pièce étant ensuite soutenue par les deux bouts, et la face où était le trait de scie étant en dessus, on chargea cette pièce par des poids ; or, quoiqu’elle fût sciée aux trois quarts, un quart seul des fibres put résister par son extension ; de manière que la pièce avait conservé toute sa force. Lorsque le trait de scie était moins avancé, la force était plus grande ; elle était plus petite dans le cas contraire. Lorsqu’on aura déterminé par l’expérience la position précise de la fibre invariable, on voit, par ce que nous venons de dire, que rien ne sera plus facile que d’en conclure le rapport des forces nécessaires pour produire un alongement ou un raccourcissement déterminé des fibres d’une même pièce de bois : les expériences qui devront servir de base à ce calcul, offrent à faire une des plus belles recherches que puissent présenter les questions relatives à la force des bois.

Après avoir chargé les pièces par des poids uniques, je les ai chargées par des poids uniformément répartis sur toute leur longueur ; et j’ai trouvé que, pour le même poids accumulé au milieu d’une pièce, ou réparti uniformément sur toute son étendue, les flèches ou descensions sont entre elles comme dix-neuf est à trente ; et ce rapport se conserve le même, soit pour les bois d’une espèce différente, soit pour les bois de différentes dimensions.

Si donc on prend le poids d’une pièce prismatique pour unité, en doublant les trente dix-neuvièmes de la flèche qu’elle prend, lorsqu’on la soutient horizontalement par les deux bouts, on a la flèche qu’elle prendra lorsqu’on la chargera d’un poids égal au sien, mais accumulé au milieu. Ce principe donne un moyen simple de peser, sans balances, les bois très-lourds et très-longs, pourvu que leur épaisseur soit constante.

On voit, par ce que nous venons de dire, que rien ne sera plus facile que de considérer un poids unique chargeant une pièce par son milieu comme un poids uniformément réparti le long de cette pièce, et