Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1814-1815, Tome 5.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
MULTIPLICITÉ

de verre, d’une certaine épaisseur, on aperçoit, à travers cette glace, une multitude d’images de la lumière, dont l’intensité décroit continuellement, jusqu’à ce qu’enfin elles cessent d’être aperçues. La même chose a à peu près lieu si, une lumière étant placée près d’un miroir non métallique, on veut en regarder obliquement l’image de manière que le miroir se trouve interposé entre l’œil et cette image de la même manière que la glace ou le verre du premier cas. Il arrive seulement ici que, outre les images décroissant continuellement d’intensité, l’image la plus vive est précédée d’une autre dont l’intensité est beaucoup moindre. À la rigueur, les mêmes choses devraient avoir lieu de jour, et pour tout autre objet qu’une lumière ; mais alors les images sont trop peu sensibles pour pouvoir être facilement observées.

Ces phénomènes doivent avoir été remarqués depuis long-temps. Lacaille, dans son Optique (II.e partie, chap. VII, n.o 327), fait même mention du second ; mais la raison qu’il en donne, n’est propre qu’à prouver combien de son temps, malgré l’exemple donné par Newton, la philosophie naturelle était encore imparfaite. Il n’en est pas de même de M. Haüy qui, dans le deuxième volume de son Traité élémentaire de physique (page 319 de la première édition, et page 310 de la seconde), en a donné la seule explication véritable, la seule conforme aux principes de l’optique. Quant au premier phénomène, si l’on en excepte M. Biot qui en dit un mot en passant, au commencement de son Mémoire sur les réfractions extraordinaires, il n’est pas à ma connaissance que quelque auteur en ait fait mention.

Il ne pouvait entrer dans le plan de l’ouvrage de M. Haüy de soumettre son explication au calcul, qui seul peut faire connaître, avec détail et précision, les diverses circonstances que le phénomène est susceptible d’offrir. Ce savant ne disant rien d’ailleurs de l’autre phénomène qui a avec celui-là la liaison la plus étroite, j’ai tenté de compléter la théorie qui les concerne l’un et l’autre. Les résultats auxquels je suis parvenu ne sont probablement pas connus,