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QUANTITÉS


même ; en sorte qu’il s’en formera un résultat unique ; égal à la différence de leurs valeurs absolues, et affecté du signe de la plus grande.

D’après les idées que je viens de développer, lorsque l’expression se présente à moi, je n’y vois nullement une soustraction impossible à effectuer, et je n’y vois pas d’avantage une forme algébrique inintelligible par elle-même. Cette expression m’annonce simplement qu’il a été fait, sur les quantités de la nature de une convention formelle ou tacite, en vertu de laquelle on a différencié, par les signes, celles dont le mode d’existence était opposé, et que appartient à la classe de celles qu’on est arbitrairement convenu d’affecter du signe C’est ainsi que les quantités négatives isolées reçoivent, dès l’origine, une interprétation simple et naturelle.

À cette manière d’envisager les choses, répondront des locutions qu’il faudra bien se garder d’employer dans le langage vulgaire ; mais qui pourront être utilement introduites dans la langue de la science ; ainsi, par exemple, on dira d’un événement qu’il arrivera dans ans ; pour dire qu’il est arrivé il y a ans ; ou, au contraire, qu’il est arrivé il y a ans, pour dire qu’il arrivera dans ans ; et ces locutions n’auront rien de plus étrange que celles, généralement admises, qui consistent à dire qu’on répète un nombre de fois, pour dire qu’on le divise par  ; et qu’on partage un nombre en de parties égales, pour dire qu’on le multiplie par

On me demandera maintenant si je considère les quantités négatives isolées comme plus grandes ou comme moindres que zéro ? Avant de répondre à cette question, je distinguerai d’abord deux sortes de zéros : savoir, le zéro absolu, symbole d’un pur néant, et au-dessous duquel conséquemment rien ne saurait se trouver, et un zéro limite ou point de départ, qui est de pure convention, et auquel se rapportent constamment les quantités considérées comme pouvant être positives et négatives. C’est, par exemple, le zéro du thermomètre ; c’est le plan de niveau duquel on part pour estimer les élévations et les abaissemens ; c’est l’époque de laquelle partent les chronologistes