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CIRCULATION

24. La progression, très-sensiblement arithmétique, que les jours critiques forment entre eux a été, dans tous les temps, un grand problème à résoudre parmi les maîtres de l’art. L’intégration de l’équation si elle était possible, éclaircirait sans doute ce mystère. Peut-être l’équation intégrale se trouverait du nombre de celles dont les racines procèdent dans une progression arithmétique ; et, si cette conjecture était fondée, elle servirait au moins à répandre un peu de jour sur une des opérations de la nature qui, en s’écartant de la marche ordinaire dans l’état de santé, paraissent d’autant moins susceptibles d’être représentées par des signes et des expressions algébriques.

25. Mais, pour que cette crise soit heureuse, il faut que cette force se maintienne, et qu’elle continue à balancer la somme des résistances augmentées par l’entrée du sang dans les petits vaisseaux artériels et veineux. Cela n’arrive pas toujours ; il est assez fréquent, au contraire, dans le cas sur-tout où le malade est dépourvu des secours de l’art, que la force vitale des artères succombe à la somme des résistances. Alors l’expression deviendra négative ; le mouvement du sang, d’accéléré qu’il était, deviendra retardé ; et, par une suite de changemens faciles à concevoir, d’après les principes qui viennent d’être exposés, la fièvre, positive jusqu’alors, deviendra négative. C’est ainsi que se produit ce que les maîtres de l’art ont désigné par le nom de mauvaises crises ; elles se reconnaissent à la marche de la maladie, à la constitution connue du malade et à la constitution épidémique ; mais sur-tout à ce que les signes diagnostics de la fièvre négative, précurseurs de la crise, se soutiennent trop long-temps, et que les forces du malade ne se rétablissent pas.

26. La fièvre négative qui succède ainsi à la fièvre positive, est bien plus dangereuse qu’elle ne l’aurait été si elle s’était présentée dès le commencement. Considérant, en effet, que le sang alors est engagé dans tout l’ensemble des petits vaisseaux du corps, et qu’il n’est plus soutenu par la force vitale des vaisseaux, nous devons