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DE L’HARMONIE.


tels que les cloches, le verre, etc., rendent des sons ou peu harmonieux, ou susceptibles d’agacer trop fortement les nerfs : tout le monde ne supporte pas les sons de l’harmonica, et ceux des cloches se prêtent très-peu à la mélodie, et moins encore aux accords. Les cordes de métal que l’on adapte à quelques instrumens, ayant une certaine mesure d’élasticité naturelle, participent de la nature des corps sonores à ressort ; aussi ces cordes rendent-elles toujours un son plus dur que les cordes de soie ou à boyau : cependant on plie leurs sons au système musical reçu, en leur donnant par la tension le complément d’élasticité nécessaire à la production du son, ce qui les fait rentrer en grande partie dans la classe des corps flexibles, quoique jamais elles ne puissent obtenir dans leur timbre ce moelleux, ce velouté si agréable qui caractérise les sons d’une bonne corde flexible.

Quant au son des tuyaux d’orgue et des instrumens à vent, en général, il est produit par des vibrations longitudinales de l’air contenu dans leur canal, et ces vibrations suivent la loi des vibrations longitudinales des verges, ce qui revient à celle des cordes flexibles, et ce qui donne au son de ces instrumens le caractère fondamental des sons musicaux proprement dits. Et remarquons que, s’il se mêle à ce son quelque résultat des vibrations qu’exécutent les parois de l’instrument, on voit aussi que le son en est d’autant plus doux que la substance de l’instrument est moins rigide par elle-même. On n’a qu’à comparer les sons de la flûte, du haut-bois, du cor, de la trompette, ceux des tuyaux d’orgue construits en bois, en plomb, en étain, en étoffe[1] ou en fer-blanc, et l’on verra que par-tout on retrouve le même principe sur la cause vraisemblable du caractère musical que nous attribuons aux sons reconnus comme tels.

Il semble donc qu’on peut poser en fait que tout instrument, composé de corps sonores à ressort naturel suffisant pour produire le son, sera peu propre à rendre la musique telle qu’elle est constituée,

  1. Mélange d’étain et de plomb.