Page:Annales de la société royale académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 3, 1832.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’exposition de cette doctrine, accomplit l’engagement que nous avions pris de vous faire envisager M. Say comme citoyen précieux, en tant même qu’économiste. Ainsi, d’après l’économiste, c’est d’une vertu réelle que naît l’enrichissement : réponse sans réplique aux aveugles déclamations des vulgaires moralistes.

Notre savant collègue n’a jamais préconisé le fatalisme politique, conséquence irritante d’une science qui s’isolerait de la nature humaine altérée.

« Le raisonnement, dit-il, marche en ligne droite ; mais une force vitale, souvent inaperçue, et toujours incalculable, fait dévier les faits de nos calculs. »

« L’économie politique, a joute-t-il, pour être véritablement utile, ne doit pas enseigner, fût-ce par des raisonnements justes, et en partant de prémisses certaines, ce qui doit nécessairement arriver, elle doit démontrer comment ce qui arrive réellement est la conséquence d’un autre fait réel. »

Messieurs, soumise à cette condition contingente, elle le montre, en effet, le comment s’opère la liaison, non pas à titre de vaine science spéculative, mais pour provoquer la répétition du fait réel s’il est bon, pour en prévenir le renouvellement s’il est mauvais. Prenant l’homme pour ce qu’il est, libre, et usant pu abusant, la science économique expose comment, sous l’influence des actes de celui-ci, la richesse ou la valeur en général se produit, comment elle se distribue dans ses transformations successives, comment elle se consomme et se reproduit plus amplement qu’au point de départ. Elle déduit enfin des accidents rencontrés dans cette