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homme privé, comme citoyen utile, ou comme savant.

Unissons d’abord nos regrets à ceux de ses parents et de ses amis qui se rangeaient naguère avec tant de charmes autour de son foyer patriarchal, désormais solitaire ; à ceux des jeunes débutants dans la carrière civique, qui y recevaient de lui tant de sages conseils, tant d’utiles directions. La France doit voir avec une profonde douleur s’éteindre ainsi trop tôt le flambeau, tout à la fois lumineux et réchauffant d’une intelligente expérience ainsi communicative. Nous devions eu attendre encore de nouveaux épanchements, car M. Say conservait toute la chaleur de ses bonnes affections, non moins que toute la vigueur de son brillant talent.

Quand je vous parle de cette disposition à se communiquer à tous, qui distinguait notre illustre collègue, et dont, avec tant d’autres, j’ai eu le bonheur d’éprouver les effets, c’est suffisamment vous faire remarquer la qualité la plus précieuse de l’homme privé. Ami de ses semblables, dégagé d’égoïsme ; comme une lampe incessamment rayonnante, un tel homme n’a de science que pour la répandre avec désintéressement ; c’est le progrès général qu’il cherche, non le triomphe académique personnel auquel il aspire. Dès lors sa vie intérieure qui, dans tout autre cas, serait restée murée, peut être dévoilée aux regards sans offenser la discrétion ; car c’est là le moment précis où elle vient se transfuser, pour ainsi dire, dans la vie publique, la seule accessible à nos recherches.

C’est déjà se montrer bien honorablement comme citoyen que de se prêter, par cette méthode familière,