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Et la mer les enlace tous, tantôt câline et charmeuse, avec sa voix d’ondine, sa robe ondoyante et bleue, tantôt verte et écumeuse, grondant de toutes ses vagues qui tentent de les submerger.

C’est un paysage de rêve que celui-là ! Que le soleil l’éclaire dans un rayonnant azur, ou qu’une douce lumière y tombe d’un ciel gris, que la mer y sommeille ou qu’elle y rugisse, il est toujours beau, toujours impressionnant, surtout lorsque l’astre du jour à son déclin y laisse traîner toutes les franges de son manteau d’or.

La grotte du port Coton, qui suit cette chaîne grandiose de rochers et de falaises, est située à l’entrée d’une petite anse. En face, un vallon se dessine avec ses ruisselets jaseurs qui alimentent des lavoirs, où de jeunes villageoises battent gaiement leur linge en éclaboussant d’écume leurs bras brunis. Et sur l’herbe rase, les blancheurs de la lessive jettent une note gaie et familière dans cette sévérité.

Cette grotte est intéressante à visiter, surtout à marée basse. Un mince filet de lumière y filtre par une fente du rocher et se reflète dans l’eau sombre ; il brille au fond de la grotte ainsi qu’une étoile.

Nous montons la côte et notre vue se perd sur une enfilade de rocs, véritable chaos d’une magistrale grandeur. À nos pieds, des rochers encore et de toutes formes c’est un homme à la grosse bosse, aux cheveux crépus qui se tord au milieu des flots : Quasimodo pleurant Esméralda ; c’est une belle tête rêveuse de poète à la barbe ondoyante ; des crocodiles rampant à fleur d’eau ; des animaux de toutes sortes.

Les goëlands sont nombreux ce matin ; ils tracent dans le ciel clair de longs circuits ou se balancent mollement sur les crètes des vagues.