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au ciel ; le lion dont la crinière s’échevèle sous les assauts des lames… Et des piliers immenses, des grottes profondes où des monstres marins ont peut-être leur demeure.

Cet aspect de la côte du Squel est d’une sévérité qui parfois vous terrifie.

Et cependant les moissons déjà blondes s’étendent jusqu’à la mer dont la brise fait onduler les beaux épis avec un bruit de soie froissée. Une claire fontaine jaillit d’une roche enguirlandée de lierre et un bassin naturel reçoit son eau pure où se mirent le ciel et les alouettes du rivage. C’est un contraste charmant avec les beautés sombres des rocs.

Et la côte se continue, toujours superbe, mais souvent dangereuse dans ces sentiers suspendus sur l’abîme qu’il nous faut parcourir, et nous désespérons d’en jamais voir la fin. Nous devons descendre et monter constamment ; les vallées abondent, séparées par des coteaux parfois assez élevés. Dans une petite ravine, des chèvre-feuilles roses exhalent leur senteur de miel qu’il serait doux de faire la sieste parmi ces fleurs ! Mais il nous faut continuer la route, l’étape est encore loin et l’heure s’avance.

Nous croyons apercevoir enfin la pointe Saint-Marc où nous pourrons nous reposer — il est bientôt midi — et nous escaladons un coteau abrupt avec des forces nouvelles.

Le soleil darde de tous ses rayons, mon visage en est atteint malgré l’ombrelle. Je me décide à me déguiser en Pierrette avec une forte couche de poudre de riz qui atténuera peut-être l’effet de ces rayons brûlants.

Un bruit singulier attire notre attention. Sur le plateau, deux hommes apparaissent : le premier frappe en