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maintiendrait et isolerait assez le visage des rayons solaires pour éviter d’en être incommodé.

Un fort abandonné se dresse à la pointe de Kerdonis, en face du petit phare qui sort de la maison du gardien comme un blanc minaret.

Le panorama est splendide ! On entrevoit Le Palais au fond et toute sa côte élégamment découpée à droite et à gauche.

Un jeune couple de Kerdonis, dont le bébé a les yeux et les cheveux d’un chérubin, nous donne une bonne tasse de lait crêmeux en nous souhaitant courage et joie.

Nous descendons vers Port-Andro, à la grève superbe, au joli vallon frais de Bord-er-Houat. C’est à la pointe où se trouve le rocher nommé le Nez-du-Chien que les Anglais débarquèrent en 1761. Ils s’emparèrent de l’île, mal défendue, après une courte lutte sur la hauteur appelée Champ-de-Carnage. Ils en restèrent deux ans les maîtres ; Belle-Isle ne fut rendue à la France que par le traité de Paris ; on l’échangea contre Minorque.

Les rochers d’Andro sont pittoresquement dispersés et affectent des formes variées, un entre autres a l’aspect d’une dame couronnée à la longue traîne, dans laquelle on veut voir la feue reine Victoria.

Nous nous arrêtons quelques instants sur ce sable, où s’imprimèrent les pieds des soldats anglais ! Et nous y rêvons en regardant la mer qui redit aux rochers son éternel chant, sans s’inquiéter des querelles des hommes pour qui la vie est si brève pourtant !

La côte d’Andro à Locmaria est farouche, inaccessible sur bien des points, excepté pour les pêcheurs et les douaniers. Nous montons des coteaux sans nombre, nous les descendons, traversant parfois les champs de blé dont les épis s’inclinent sous la brise.