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(au dossier trois lettres du sous-prétet de Saumur), un troisième message du duc Decazes arrivait à Nantes « Je vous ai déjà dit, que je voulais Beilvert libre, surveillez le occultement, mais qu’il agisse à son gré », écrit-il en substance.

Ce que nous racontons est du pur roman, pourtant absolument véritable ; nous avons rappelé en quelques lignes ce qui peut se lire en de longues épitres au dossier des suspects.

À la fin de notre histoire, nous nous trouvons encore en présence de plusieurs pièces capitales. L’une est une pétition adressée à la direction de la police par Beilvert, datée du 17 janvier ; fort longue et superbement écrite, elle a été retournée à Nantes à seule fin d’explications. On y lit :

« Depuis l’heureuse entrée du roi Louis XVIII en France, je ne cesse d’être en but à toutes les vexations de l’autorité ; j’en ignore le motif. »

Notre homme a-t-il abandonné toute idée républicaine ; et le duc Decazes, dont on se rappelle les efforts pour royaliser la nation et nationaliser le royalisme, a-t-il fait au moins un adepte à Bouaye ? Nous ne le savons ; mais toujours est-il que, Beilvert demande la permission de voyager « toutes les fois qu’il lui sera nécessaire pour ses affaires. »

De sa lettre, on peut inférer que de nouvelles difficultés s’étaient élevées avec la Préfecture. Celle-ci répondit à Paris par une narration fort longue ― quatre grandes pages en caractères minuscules, ― où l’histoire de Beilvert est succinctement racontée, narration qui se termine en affirmant, que la seule mesurer à prendre est de l’incarcérer par mesure de sécurité publique.

Le 10 février 1818, on répondait de Paris par un avis favorable : « Qu’au moindre sujet de plainte, ainsi soit fait. »