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Mais notre homme a une mission ; il y croit et la veut remplir ; il réfère des multiples observations, qui lui sont faites, à la division militaire de Montaigu, dont il dépend. Le général Grignon, qui y commande, écrit à ce sujet à son supérieur, le général Avril, et, dans sa longue lettre, nous lisons :

« Qu’il trouve pitoyable, qu’un simple commissaire de canton vienne, par des observations, troubler la quiétude et les services signalés rendus par le capitaine Beilvert. »

Transmise à Letourneux, duquel dépendent les commissaires cantonaux, des observations fort sévères sont adressées à Mathieu et à Binet. Ceux-ci ripostent et transmettent à leur chef la longue suite de plaintes, dont ils sont assaillis. Si ce n’était la prolixité des écrivains, leur correspondance très piquante serait à reproduire. Bref, la situation devient impossible pour Mathieu, qui abandonne ses fonctions ; nous croyons même qu’il fut révoqué. (Lettre à Bretin, de Bouaye, correspondant des commissaires cantonaux.)

Letourneux trouve alors ses commissaires trop sensibles ; d’autre part, le général Avril se méfie de Beilvert et écrit « qu’il a l’œil sur lui ! » (plus de vingt lettres sont à ce sujet échangées entre eux). Enfin l’évidence éclate. Letourneux finit par changer d’opinion et avise le général que Beilvert est très mal vu et par sa conduite et par le souvenir qu’il a laissé (15 frimaire an V, 5 décembre 1796). Cette lettre ne précède que de six mois l’arrestation, dont nous allons parler.

Au milieu de cette correspondance se trouvent intercalées de nombreuses plaintes contre « la bande à Beilvert », ainsi qu’on la désigne dans le pays. Il en vient de partout, de Bourgneuf, de Machecoul, de Sainte-Pazanne, etc., etc. ; et pourtant l’insurrection a jeté son dernier cri et le régime de l’indulgence est à l’ordre du jour.