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y ayant leurs relations de famille et d’amitié, furent d’une cruauté inouie[1].

Beilvert, marchand de vins, natif de Bouaye, avait pris un engagement parmi ces éclaireurs et s’y distingua. Dans un factum sur lequel nous reviendrons, il dit avoir assisté à cinquante-sept combats, et s’être enrôlé, « après avoir acheté un bien d’émigré, pour réparer ses affaires compromises par la guerre ». On sait par ailleurs, qu’il sauva la vie à Muscar « entouré d’ennemis »[2].

Il ne faut pas oublier que la plus grande insécurité régnait encore sur les routes, qu’aucun détachement ne sortait de Aux sans être attaqué, et que Muscar, officier de police judiciaire, répondait énergiquement à ces provocations.

D’autre part, Sig. Hugo écrit dans ses mémoires :

« Qu’à un moment donné une telle excitation régnait des deux côtés que tout individu pris les armes à la main était impitoyablement fusillé »

La Championnière, lieutenant de Charette, en termes différents, dit la même chose ; il ajoute que la forêt de Princé, (située non loin de Aux), devint un vaste cimetière.

Ceci dit pour réduire à de justes proportions l’attendrissement que peut produire cette histoire.

  1. Les plaintes contre les guides ou éclaireurs furent nombreuses. Kerlégand, maire républicain de Bouguenais, demanda l’incarcération de plusieurs d’entre eux, entre autres celles de J. Bagnand, qui tua et vola le notable J. Godeau.
    (Aux arch. départ., voir les liasses 1542, 1552 de la série L).
  2. À la Chevrollière, Muscar fut traversé de part en part par une balle. (14 juin 1794) À Clisson, il se fractura le bras dans une charge contre l’ennemi. (Archiv. administrative de la Guerre.)