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Je suis très fâché des embarras où vous dites être au sujet de la profession de foi ; mais je vous déclare encore une fois pour toutes qu’il n’y a ni blâme, ni danger, ni violence, ni puissance sur la terre qui m’en fasse jamais retrancher une sillabe. Comme vous ne m’avez point consulté sur le contenu de mon manuscrit en traittant pour l’impression, vous n’avez point à vous prendre à moi des obstacles qui vous arrêtent, et d’autant moins que les verités hardies semées dans tous mes livres devoient vous faire presumer que celui-ci n’en seroit pas exempt. Je ne vous ai ni surpris ni abusé ; j’en suis incapable ; Je voudrois même vous complaire, mais ce ne scauroit être en ce que vous exigez de moi sur ce point et je m’étonne que vous puissiez croire qu’un homme qui prend tant de mesures pour que son ouvrage ne soit point altérée après sa mort le laisse mutiler durant sa vie.

A l’égard des raisons que vous m’exposez vous pouviez Monsieur, vous dispenser de cet étalage et supposer que j’avois pensé à ce qui me convenoit de faire. Vous dites que les gens mêmes qui pensent comme moi me blament je vous reponds que cela ne peut pas être ; car moi qui surement pense comme moi, je m’approuve, et ne fis rien de ma vie dont mon cœur fut aussi content. En rendant gloire à Dieu et parlant pour le vrai bien des hommes j’ai fait mon devoir ; qu’ils en profitent ou non, qu’ils me blament ou m’approuvent c’est leur affaire, je ne donneroi[s] pas un fetu pour changer leur blâme en louange. Du reste je les mets au pis ; que me feront-ils que la nature et mes maux ne fissent bientôt sans eux ! Ils ne me donneront ni ne m’ôteront ma recompense, elle ne depend d’aucun pou-