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TEXTE DE LA NOUVELLE HÉLOISE

Ici c’est Rousseau qui s’attarde à l’extrême et il ne semble pas que l’usage du temps ait pu justifier son orthographe. Ailleurs les manuscrits nous permettront de respecter d’autres particularités d’orthographe ou de prononciation sur lesquelles l’usage hésite, mais où Rousseau choisit les formes qui ont depuis disparu : « Soin puérile[1] », imprime Rey. Bouhours et La Touche demandaient déjà puéril, mais en 1760 puéril et puérile s’écrivaient. Le deuxième brouillon et la copie Luxembourg choisissent puérile. « Bienveuillance[2] » dit Rey. On hésitait entre bienveuillance et bienveillance. Rousseau hésite lui-même. Le premier et le deuxième brouillon et la copie Luxembourg donnent le plus souvent bienveuillance que Rey a trouvé sur sa copie. Le deuxième brouillon donne à l’occasion bienveillance[3]. « Argent content — Sens-froid[4] », imprime Rey. L’usage accepte alors ces formes et la forme actuelle. Ce n’est pas le compositeur qui a choisi, mais Rousseau qui écrit ainsi dans le deuxième brouillon comme dans la copie Luxembourg.

La syntaxe de Rousseau peut aussi à l’occasion se vérifier et ne se pas modifier sous prétexte de fautes d’impression. L’accord du verbe avec des sujets multiples est resté longtemps indécis. C’est bien Rousseau et non l’inadvertance du compositeur qui écrit, dans ses manuscrits comme dans Rey : « le bruit de la basse-cour, le chant des coqs, le mugissement du bétail, l’at-

    seau reproche aux Genevois de faire sentir beaucoup de lettres qui ne se prononcent pas en français, par exemple le c dans lacs (= lacets) (V, 13.)

  1. IV, 11, p. 220 et passim.
  2. V, 2, p. 85 et passim.
  3. pour la lettre IV, 15 (Nous jouissons de la bienveillance…
  4. V, 2, p. 70 ; 3, p. 104 ; VI, 11, p. 290, etc.