Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 5.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
TEXTE DE LA NOUVELLE HÉLOISE

Rousseau, toujours poursuivi par ses scrupules méticuleux et ses incertitudes obstinées, médite de nouveaux changements à envoyer à Rey, « peu considérables, mais nécessaires et assez nombreux. » Sur les épreuves, les corrections d’auteur sont nombreuses, si nombreuses que, malgré les dépenses de port, Rey demande à Rousseau de lui envoyer les épreuves mêmes et non des corrections repérées. Averti par l’expérience, et pour éviter les remaniements difficiles ou même les cartons, Rey prend à l’occasion les devants et réclame à Rousseau les additions et corrections pour les parties qu’il se prépare à imprimer[1].

Il ne peut donc pas être question d’imprimer le texte de la Nouvelle Héloïse sur le manuscrit de Rousseau, comme on imprime Virgile ou Horace sur les meilleurs manuscrits. Il est impossible même d’en conclure des additions ou suppressions certaines. Pourtant ces manuscrits peuvent rendre, pour vérifier la première édition, des services limités mais précis.

Parmi les innombrables erreurs de cette première édition il en est qui sont des fautes typographiques évidentes : « De dépit, je me plais à la remplir de choses qui n’y saurait être — ce n’est pas assez qu’elle soit vertueuse, elle doit être sans tâche — indissobles, etc…[2] » sont d’indéniables sottises de compositeur. Mais les cas douteux sont constants, plus nombreux même à mesure qu’ils affrontent un examen attentif. Rappelons-nous les exigences impérieuses de Rousseau, sa ferme volonté qu’on respecte les moindres détails de son texte,

  1. Bosscha, pp. 68, 95, 97, 84, 87. Lettres de Rey du 17 avril, 10 mai, 19 mai 1760.
  2. VI, 2, 3, 7.