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ANNALES DE LA SOCIÉTÉ J. J. ROUSSEAU

II. LES MANUSCRITS


A. Usage des manuscrits.


Ainsi déterminée la tâche d’un éditeur ne sera pas encore complète. La première édition, nous l’avons vu, est extrêmement incorrecte. Rousseau lui-même a demandé à plusieurs reprises qu’on s’en défie. Longtemps les éditeurs n’ont pu se fier pour les corrections qu’à des évidences de sens ou à des vraisemblances qui les ont souvent trompés. Le dépôt à la Convention des brouillons et de la copie Luxembourg[1] leur offrit la possibilité d’une révision plus intéressante et plus sûre.

Mais ils ont eu grand tort d’annoncer souvent qu’ils avaient utilisé l’expression dernière de la pensée de Rousseau et la copie même qui avait « servi pour l’impression ». Un examen même superficiel montre rapidement entre les textes manuscrits et le texte de 1761 des différences tellement profondes que le deuxième brouillon ou la copie Luxembourg, comme on l’a déjà souvent signalé, ne sont pas la forme définitive du texte. Rousseau lui-même nous en avertit : « J’ai examiné l’état du manuscrit, écrit-il à Rey, et ne le trouvant pas assez net pour vous être envoyé dans cet état, je prends le parti de le recopier en entier, et je vous enverrai la copie partie par partie, à mesure qu’elle sera faite. » Cette copie ne fut pas une exacte reproduction : « En faisant votre copie sur la mienne, j’y ai changé beaucoup de choses dont je ne me souviens plus. » Même, la copie partie,

  1. Cf. la note sur les manuscrits, p. 110.